À quelques mois des élections présidentielles en Côte d'Ivoire, l'internationalisation des tensions politiques s'intensifie. Le député français Aurélien Taché, membre du mouvement La France Insoumise, a récemment interpellé son gouvernement concernant des irrégularités inquiétantes dans le processus électoral ivoirien. Dans une question écrite adressée au ministre français des Affaires étrangères, datée du 13 mai 2025, il exige un audit indépendant de la liste électorale, soulignant de graves anomalies et l’exclusion de leaders de l’opposition.
Une accusation de mandat inconstitutionnel
Le président ivoirien, Alassane Ouattara, qui gouverne le pays depuis 2011, n’a pas encore annoncé sa candidature à la présidentielle de 2025, mais il a exprimé son "désir de continuer à servir" la nation. Cette position a été fermement critiquée par Aurélien Taché, qui accuse le président de chercher à briguer un quatrième mandat, ce qui, selon lui, violerait la Constitution ivoirienne, qui limite le nombre de mandats à 2.
Le député français évoque ainsi une "brigue d’un 4e mandat inconstitutionnel", dénonçant une tentative de maintenir le pouvoir au-delà des termes prévus par la loi fondamentale du pays.
Les irrégularités de la liste électorale
L'élément principal de l’interpellation d’Aurélien Taché réside dans les accusations de fraude concernant la liste électorale provisoire, publiée par la Commission électorale indépendante (CEI) en avril 2025. Selon un rapport du PPA-CI, un parti de l’opposition ivoirienne, cette liste serait truffée d’irrégularités, notamment l’inscription de personnes décédées, d’électeurs fictifs et de doublons.
Taché cite un taux alarmant de 75 % de fraudes potentielles parmi les six millions d’inscrits, ce qui, selon lui, soulève des doutes considérables sur la fiabilité du processus électoral et la transparence de la gestion de la liste électorale.
Le projet d’appui européen au fichier d’état civil
Dans sa missive, le député revient également sur un projet européen financé à hauteur de 5 millions d’euros, censé renforcer la fiabilité du fichier d'état civil, un élément clé pour la bonne tenue du processus électoral. Ce programme, qui a été mené avec l'Office National de l'État Civil et de l'Identification (ONECI) et CIVIPOL (un opérateur du ministère français de l'Intérieur), reste, selon Aurélien Taché, particulièrement opaque. Il dénonce l’absence de transparence concernant les résultats, les dépenses et l’évaluation du projet, qui aurait dû être terminé en 2023.
La demande de transparence et d’un audit indépendant
Face à ces préoccupations, le député de la circonscription de Val d'Oise, qui a souvent pris position pour le respect des droits démocratiques, demande que la France conditionne son aide à la Côte d’Ivoire au respect des principes démocratiques et à la mise en place immédiate d’un audit électoral indépendant, rigoureux et transparent.
Aucune réponse officielle n’a encore été donnée, tant du côté du gouvernement français que des autorités ivoiriennes. Toutefois, cette déclaration d’Aurélien Taché pourrait fragiliser davantage la crédibilité du processus électoral ivoirien aux yeux des partenaires internationaux, notamment l'Union européenne et d’autres acteurs clés dans le domaine de la gouvernance démocratique.