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Au cœur du pays sénoufo, en Côte d'Ivoire, une voix s'est élevée pour devenir le symbole de tout un peuple, une mélodie intemporelle qui continue de résonner bien après son départ. Cette voix, c'est celle de Zélé Koné, plus connue sous le nom de Zélé de Papara. Née en 1934 à Koulousson, son village d’origine, et tragiquement disparue en 1994, elle incarnait l’âme et l’identité du bari, un genre musical emblématique de la culture sénoufo.
Une vie d'épreuves et de musique
Originaire de la région de Korhogo, Zélé Koné a grandi dans un univers imprégné de traditions orales et musicales. Elle hérite de son talent de sa mère Dah Zélé, elle-même chanteuse. Durant près de trois décennies, de 1965 à 1994, Zélé de Papara a dominé la scène musicale, non seulement en pays sénoufo mais aussi sur le plan national ivoirien.
Pourtant, derrière les éloges et les galvanisations, sa vie fut profondément marquée par les épreuves. Mariée jeune, elle eut la douleur de perdre successivement ses onze enfants, tous décédés avant l'âge de trois ans. Ce drame lui valut d’être rejetée par sa propre communauté, accusée à tort de sorcellerie et contrainte à l’exil de son foyer. Même ses proches n’ont pas su lui offrir la chaleur d’une famille. En pays sénoufo, le prénom Zélé est donné à la cinquième fille, symbole d’une grande fratrie. Mais pour Zélé de Papara, cette symbolique s’est transformée en solitude, brisée par la pression sociale.
C’est dans ce contexte de douleur et d’isolement que son art a pris une dimension poignante. À travers le Bariè (causerie en sénoufo), chant traditionnel qu’elle maîtrisait, Zélé a transformé ses blessures en mélodies vibrantes, faisant de sa voix une mémoire vivante de la souffrance et de la résilience.
L’incarnation du Bari et l’identité sénoufo
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La musique de Zélé de Papara est indissociable du bari, un genre musical qui accompagne les grands moments de la vie sociale sénoufo, notamment les funérailles et les réjouissances. Sa voix puissante et sa présence scénique captivante en ont fait la figure de proue de ce style.
Sur scène, Zélé était une véritable icône. Vêtue d’un ensemble traditionnel à rayures, coiffée d’un chapeau orné de cauris et de miroirs, elle ne se séparait jamais de ses attributs : un tambour cylindrique à hanche, le bari-ping, et une queue de cheval, le sokow’. Une musique rythmée, dansante et pleine d’entrain dont elle assurait elle-même le tempo à l’aide du tambour de hanche bari-ping, dont elle ne se séparait jamais.
Accompagnée de son orchestre de djéguélé (balafons), elle a su porter la musique sénoufo au-delà de ses frontières traditionnelles. Son talent l’a menée sur de nombreuses scènes en Côte d’Ivoire, de Korhogo à Abidjan en passant par Bouaké et Yamoussoukro, mais aussi à l’étranger, notamment au Mali, où elle a fait rayonner la culture sénoufo au-delà des frontières ivoiriennes.
C’est en août 1987, lors de sa participation au premier Festival national des masques et danses traditionnelles à Yamoussoukro, qu’elle fut révélée au grand public ivoirien. Ses chansons, relayées par la radio nationale, la consacrent comme une artiste majeure du patrimoine culturel du pays.
Un héritage impérissable
Malgré son immense popularité, Zélé de Papara n’a jamais sorti d’album de son vivant. Elle pratiquait son art par passion, sans calcul de carrière. C’est cette authenticité et ce dévouement à sa culture qui ont forgé sa légende.
Aujourd’hui, même 30 ans après la voix de Zélé de Papara demeure une référence incontournable pour quiconque s’intéresse à la musique et à la culture sénoufo. Elle est le symbole d’une identité préservée et d’un héritage transmis, vous pouvez retrouver quelques unes de ces chansons sur YouTube. Sa musique, empreinte de joie comme de mélancolie, continue d’inspirer les nouvelles générations et de faire vivre l’âme du peuple sénoufo.