Depuis plusieurs jours, Madagascar est secoué par une vague de manifestations et de grèves qui paralysent le pays. Des manifestations massives, menées notamment par le mouvement Gen Z, secouent la capitale Antananarivo et plusieurs villes du pays. Né d’un ras-le-bol face aux coupures d’eau et d’électricité, le mouvement de contestation prend de l’ampleur et plonge la population dans une grande incertitude.
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Une grève qui bloque le pays
Le mouvement est né d’un mécontentement face aux coupures répétées d’électricité et d’eau, qui affectent le quotidien des Malgaches depuis plusieurs mois. Les premières manifestations ont commencé le 25 septembre 2025, rapidement amplifiées par le collectif Gen Z Madagascar, un mouvement citoyen né sur les réseaux sociaux et animé par de jeunes Malgaches.
Aujourd’hui, la grève paralyse la capitale et plusieurs grandes villes :
On ne travaille pas encore aujourd’hui, parce que la grève continue en ville. On ne sait jamais comment ça va évoluer », confie un habitant.
Les écoles c'est compliqué :
Certains écoles sont fermées depuis vendredi
ajoute une source locale. Si certains commerces et services parviennent encore à fonctionner, la plupart des secteurs tournent au ralenti, accentuant le sentiment de blocage général.
Un mouvement qui s’élargit et gagne des soutiens
Au fil des jours, le mouvement a rassemblé de plus en plus de participants. Plusieurs syndicats et branches professionnelles ont exprimé leur soutien, à commencer par le syndicat des employés de la Jirama, la compagnie nationale d’eau et d’électricité, qui a annoncé une grève générale.
Malgré le limogeage du gouvernement annoncé le 29 septembre par le président Andry Rajoelina, des milliers de manifestants continuent de réclamer son départ.
Bilan humain et réaction internationale
Selon l’ONU, au moins 22 personnes ont été tuées et plus d’une centaine ont été blessées depuis le début des manifestations le 25 septembre 2025, des informations que le gouvernement Malgache rejette et dit ne pas reconnaître ces chiffres. Parmi les victimes figurent des manifestants, des passants, mais aussi des personnes tuées lors de violences et de pillages perpétrés par des groupes opportunistes sans lien avec la contestation. Face à ce bilan, le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Volker Türk, s’est dit « choqué et attristé par les pertes en vies humaines et les atteintes aux personnes ». Il a exhorté les autorités à « garantir le respect des droits à la liberté d’expression et de réunion pacifique, conformément à leurs obligations internationales ».
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Ressenti sur le terrain : Lalatiana Rafidison, habitante d’Antananarivo
Suite aux manifestations menées par les jeunes Malgaches, les choses s’empirent : le nombre de victimes innocentes augmente et la vie quotidienne des habitants, surtout dans le centre-ville, est fortement perturbée. Les écoles et universités sont également fermées.
Cette situation impacte énormément notre quotidien. On ne sait plus comment organiser nos journées, certains commerces restent fermés, et l’éducation des enfants est stoppée. Tout le monde vit dans l’incertitude.
La société malgache est également en état de tension. La confiance envers les services de l’État et les forces de l’ordre s’érode, et les habitants se méfient même les uns des autres malgré un objectif commun : l’accès à l’eau et à l’électricité. L’insécurité, le brigandage et l’inflation commencent à s’accentuer.
On sent que le pays est en route pour une nouvelle crise économique et politique. Les gens ont peur et tout le monde devient méfiant.
La crise à Madagascar met en lumière la fragilité du pays face à la gestion des services publics, mais aussi la détermination d’une jeunesse prête à se mobiliser. Entre grèves, écoles fermées et activités paralysées, l’avenir reste incertain. Si la mobilisation continue, le pays attend désormais de voir si ce mouvement débouchera sur un véritable changement ou accentuera l’instabilité.