Tidjane Thiam : “Ce qui vient de se passer n’est pas une véritable élection"

À peine 48 heures après le scrutin présidentiel 2025 en Côte d’Ivoire, Tidjane Thiam président du PDCI-RDA a pris la parole pour dénoncer le déroulement de l’élection, qu’il qualifie de marquée par la peur, les irrégularités et l’exclusion de certains candidats de l’opposition. Dans sa vidéo, il revient sur les obstacles rencontrés par l’opposition, les violences et les arrestations, ainsi que le fort taux d’abstention, qu’il interprète comme un rejet silencieux mais puissant du processus électoral.
Tidjane Thiam lance également un appel au dialogue national et à l’unité, soulignant que seule une réconciliation sincère pourra restaurer la paix et la démocratie en Côte d’Ivoire.

Une élection contestée dans un climat de peur

Tidjane Thiam a ouvert son allocution en qualifiant la présidentielle 2025 de scrutin non représentatif et marqué par un climat de peur. Selon lui, la faible participation reflète l’inquiétude des Ivoiriens face à une élection qui n’a pas permis à tous de s’exprimer librement.

Ce qui vient de se passer n’est pas une véritable élection. Et ce à quoi nous avons assisté ne fait pas honneur à notre pays

a-t-il affirmé, soulignant les divisions et tensions qui ont accompagné le scrutin.

Des victimes et des injustices à déplorer

Tidjane Thiam a exprimé sa profonde compassion pour les familles des victimes et des blessés, ainsi que pour ceux qui ont perdu leurs biens. Il a rappelé que certains ont été emprisonnés pour s’être opposés au quatrième mandat ou pour avoir simplement exprimé leurs opinions :

À leurs familles, nous apportons notre soutien et notre promesse solennelle de lutter pour leur libération par tous les moyens légaux disponibles.

Une opposition exclue et réprimée

L’ancien ministre a dénoncé les entraves à la participation démocratique : lui-même, ainsi que d’autres figures de l’opposition, ont été empêchés de se présenter à l’élection. Depuis le 2 octobre, les manifestations pacifiques ont été réprimées par des gaz lacrymogènes et des arrestations massives. Plus de 700 personnes ont été arrêtées, et de nombreux citoyens ont été blessés ou ont perdu la vie dans certaines localités.
Pour Tidjane Thiam, ces obstacles sont révélateurs d’un processus électoral “peu crédible”, dans lequel la voix du peuple a été réduite au silence.

Le candidat du PDCI-RDA a également souligné la dégradation du climat social et politique, conséquence directe du contexte électoral.

Malheureusement, force est de constater que des divisions se sont creusées, des communautés sont dressées les unes contre les autres, et l’horreur est de retour dans certaines régions du pays.

Une situation qui, selon lui, menace la cohésion nationale et remet en cause les efforts de réconciliation entrepris depuis plusieurs années.

Un taux d’abstention comme verdict silencieux

Un taux d’abstention comme verdict silencieuxTidjane Thiam a expliqué que l’abstention élevée n’est pas un signe d’indifférence, mais un rejet silencieux mais puissant de l’élection :

Le taux d’abstention que certains tentent de manipuler est en réalité le verdict du peuple, un rejet d’un exercice électoral peu crédible auquel la grande majorité des Ivoiriens a refusé de participer

Un appel au dialogue et à l’unité nationale

Malgré les difficultés et les injustices, Tidjane Thiam a appelé toutes les forces vives du pays partis politiques, société civile, chefs religieux et traditionnels, jeunes et femmes à s’unir pour défendre la démocratie et garantir l’unité nationale.

Le dialogue sincère aurait évité les incidents et les pertes de vies humaines que nous venons de vivre.

a-t-il affirmé, plaidant pour une concertation nationale constructive. Et d’ajouter :

Là où règne le mensonge, nous apporterons des faits. Là où règne la peur, nous apporterons de l’espoir.

Tidjane Thiam a conclu sur un message d’espoir et de détermination :

Ensemble, nous retrouverons notre démocratie. Ensemble, nous restaurerons notre dignité. Ensemble, nous construirons cette Côte d’Ivoire réconciliée que nous savons possible

Son intervention souligne sa volonté de poursuivre le combat pacifiquement, en privilégiant la transparence, la justice et la réconciliation, tout en rejetant la violence et les divisions.