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Découverte : Mami Wata, un esprit des eaux africain !

Sur les côtes d’Afrique de l’ouest, on raconte la légende de la sirène mystérieuse qui hante de nuit les rivages océaniques et lagunaires, au Togo, au Ghana et au Bénin principalement.

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Symbole de pureté et de résurrection par la blancheur de son corps, et de féminité par son opulente poitrine, son corps hybride, mi-femme mi-poisson, ne lui permet pas d’engendrer. C’est pourquoi les hommes ne doivent pas l’approcher sous peine d’être frappés de stérilité.

Différentes versions du mythe se rencontrent selon les lieux et les rites, et différentes explications de l’origine de cette croyance coexistent dans toute l’Afrique. Pour certains Mami Wata, la mère des eaux, est une Ophélie africaine, la réincarnation d’une femme peulh entraînée dans les eaux par la sirène et qui revient hanter les berges. Pour d’autres elle fait partie du vaste panthéon vaudou et représente une déesse mère, protectrice des femmes habitées par un esprit des eaux auquel elles rendent un culte.

Au Congo et au Gabon, Mami Wata représentait par tradition une divinité tutélaire protectrice de la famille. L’évolution de la société congolaise a transformé cette image respectable, faisant de la sirène une sorte de prostituée ou de femme aux mœurs libres pratiquant une forme inavouée de polyandrie. D’autres versions sont moins négatives, Mami Wata serait une femme moderne qui travaille et prend son destin en main ; c’est l’image de la femme libérée, admirée et crainte à la fois.

La représentation de la sirène en femme fatale est un thème fréquent dans la peinture populaire au Congo où ses attributs évoluent en fonction des modes : aujourd’hui toute Mami Wata qui se respecte a un téléphone cellulaire et une montre de luxe. Les ethnologues ont différents points de vue quant à la genèse du mythe de Mami Wata. Certains y voient une origine européenne fondée sur la présence fréquente de figures de proues en forme de sirène sur les vaisseaux négriers le long des côtes d’Afrique dès le XVe siècle.

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  • Une représentation de Mami Wata diversifiée et mitigée…

Le mythe serait donc un produit colonial, l’aspect blanc du corps de Mami Wata venant conforter cette hypothèse : elle serait une « dame blanche ». Cette explication réductrice fait peu de cas de l’imagination prolifique des Africains qui n’ont pas besoin de produits étrangers pour alimenter leur imaginaire fertile. Toutefois un syncrétisme stylistique est certain. Une autre origine paraît, elle, certaine, fondée sur la présence en nombre sur les côtes d’Afrique, du Sénégal à l’Angola, de vastes colonies de lamantins.

Ce grand mammifère de l’ordre des siréniens, aurait depuis toujours frappé les esprits par son aspect humanoïde. Toutes sortes de légendes sont issues de sa présence, et celle de Mami Wata en est la plus élaborée. L’animal a de quoi frapper les esprits avec son cri étrange et sa morphologie imposante, en particulier la poitrine de la femelle identique à des seins de femme, la couleur claire de la peau, et les nageoires, tous ces éléments contribuant à assoir la légende de la sirène. Iconographiquement Mami Wata apparaît sous divers aspects : comme le cimier d’un masque, principalement en Côte d’Ivoire et au Nigeria, modelée en terre cuite ou crue au Togo, ou peinte sur bois ou sur toile au Congo et au Zaïre.

  • Une représentation européenne balayée par les africains 
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Si les représentations congolaises de Mami Wata paraissent proches d’une imagerie européenne, ce qui est cohérent avec les supports et les techniques utilisés, tous issus de l’époque coloniale et de ses écoles d’art, en revanche les représentations en terre cuite togolaises et béninoises s’inscrivent, elles, dans la lignée d’une tradition locale ancienne de poterie rituelle du vaudou. D’autres figurations, comme celles des masques, sont quant à elles le fruit d’un syncrétisme stylistique inspiré de l’Asie via l’Europe.

Quelle que soit l’origine exacte de Mami Wata, ou plutôt les origines, puisque nous pouvons lui en trouver plusieurs issues de trois continents, l’Afrique, l’Europe et l’Asie, la vénération qui l’entoure est indissociable de l’importance accordée à l’eau comme élément vital et comme synonyme de pureté. Eau des fleuves et des lagunes chargées de limons fertiles, eau de l’océan riche de son iode et de ses poissons, eau des moussons enfin, attendues chaque année avec impatience voire anxiété, porteuse de régénérescence et de résurrection. Toutes ces qualités sont liées ou attribuables à la sirène Mami Wata.

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