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Manque d'eau : les émeutes de la soif se multiplient

L'eau est source de vie. Et selon cette maxime populaire en Côte d'Ivoire, aucune famille, aucune personne ne devrait manquer d'eau. Cependant, le nombre de personnes mourant par manque d'eau dans le monde est estimé à environ 2,6 millions de personnes chaque année et près de la moitié de la population mondiale boit de "l'eau dangereuse pour la santé", selon l'ONG Solidarités international. Cette situation favorise des crises qu'on appelle communément "les émeutes de la soif".

A Dakar, de nombreuses personnes attendent de pouvoir remplir leurs containers d’eau aux rares points de distribution, Sénégal, le 27 septembre 2013/REUTERS/Ricci Shryock

Les émeutes de la soif surviennent lorsque les populations manquent d'eau. L'eau étant un élément vital, et chaque personne tentant de survivre, il y a souvent des échauffourées qui vont même jusqu'à des ruptures d'accords diplomatiques. On est tenté de se demander d'où vient le problème.

Les raisons sont de tout ordre mais les plus récurrentes sont : la guerre, la rareté de l'eau, l'augmentation de la population. Lorsqu'une guerre survient, les protagonistes s'attaquent à l'eau, c'est une manière d'affaiblir l'ennemi.

En ce qui concerne la disponibilité de l'eau, elle est limitée. Seulement 0,5 % de l’eau terrestre est utilisable et disponible pour la consommation tandis que le nombre de sécheresse et leur durée a augmenté de 29 % en 20 ans. Selon Van Der Heijden, responsable de la coopération internationale au ministère néerlandais des Affaires étrangères et experte en hydro politique, la pénurie d'eau touche environ 40 % de la population mondiale et, selon les prévisions des Nations Unies et de la Banque mondiale, la sécheresse pourrait mettre jusqu'à 700 millions de personnes en danger de déplacement d'ici 2030. Quant à l'augmentation de la population, ce n'est un secret de polichinelle pour personne : il y a inadéquation entre les ressources de la terre et la population présente.

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Toutes ces raisons alarmantes sont à la base de ces émeutes de la soif.

Il en ressort d’une étude publiée le mercredi 25 mai par la Fondation Mo Ibrahim, en marge de son forum annuel consacré au changement climatique, intitulée "En route vers la COP 27 : faire valoir les arguments de l'Afrique dans le débat sur le climat (The Road to COP27 : Making Africa’s Case in the Climate Debate)", que les émeutes ou guerres liés à la rareté de l'eau en Afrique se sont multipliés par 40 depuis 2010. Dans l'étude, il est dit que 20 pays africains ont vécu au moins 10 protestations et les 5 pays les plus touchés sont l'Algérie, le Maroc, l'Afrique du Sud, le Soudan et la Tunisie.

En 2015, le Forum économique mondial de Davos a placé en tête des risques futurs, pour la première fois de son existence, les conflits liés à l'eau. Aussi, la Banque mondiale, dans un rapport spécial sur le réchauffement climatique, avait averti que "près de 1,6 milliard de personnes - presque un quart de l'humanité - vit dans des pays ayant une rareté physique en eau. Et d'ici à vingt ans, ce chiffre pourrait doubler". Les estimations stipulent que la demande d'eau par les municipalités et l'industrie va augmenter de 50 à 70 %, celle du secteur de l'énergie de 85 %. Au total, le monde pourrait faire face à un manque d'eau disponible d'environ 2.700 milliards de mètres cubes d'ici à 2030 avec une demande supérieure de 40 % aux disponibilités.

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Un article de "Sciences humaines", René-Eric Dagorn, historien et géographe, affirmait qu'avec le développement économique de la Chine, de l'Inde et du Brésil, la demande en eau était en croissance rapide. Selon le centre de données "World Water Conflict", entre 2000 et 2010, le site a enregistré 220 conflits. Les chiffres ont grimpé à 466 au cours de la décennie suivante.

L'actuelle construction par l'Ethiopie du grand barrage Renaissance et de stations de retenues d'eau sur le Nil irrite le gouvernement égyptien. L'Egypte a donc brandi un traité de 1929 lui attribuant les deux tiers des ressources en eau ainsi qu'un droit de veto sur tous les projets concernant le cours d'eau.

Mais en 2010, 6 Etats : Ethiopie, Burundi, Tanzanie, Kenya, Rwanda et Ouganda, situés en amont du fleuve ont dénoncé ce droit de veto à travers un nouvel accord. Selon la presse locale, le président égyptien Al Sissi en aurait appelé à l'arbitrage du Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, pour résoudre le différend en cours.

De l'autre côté du monde, les projets d'énergie hydraulique de la Chine inquiètent. Franck Galland explique que la grande population de la Chine la pousse à pomper de l'eau. "Le nord-est de la Chine recèle seulement 15 % des ressources en eau du pays pour 45 % de sa population totale. Pékin, avec moins de 500 mètres cubes d'eau par personne et par an est déjà en stress hydrique. D'où les projets du gouvernement pour pomper l'eau au sud afin de l'acheminer au nord-est grâce à de grands projets de canaux de dérivations. Le premier à l'est de la Chine est déjà en place : un grand canal puisant son eau dans le fleuve Bleu et la ramenant dans la région de Pékin. La dérivation au centre est en passe d'être achevée prochainement. La troisième, a priori abandonnée, inquiétait le plus, et notamment l'Inde, puisqu'elle concernait directement les fleuves prenant leur source dans les contreforts tibétains de l'Himalaya". C'est l'une des raisons pour laquelle que la Chine entend garder la main sur la région du Tibet. Les craintes sont d'autant plus justifiées que la Chine n'a pas ratifié la Convention des Nations unies sur les utilisations des cours d'eau internationaux à des fins autres que la navigation, souligne Jean-Christophe Victor dans son nouvel ouvrage « Le Dessous des cartes ».

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Le Moyen-Orient n'en est pas épargné. En 1974, la médiation de l'Arabie saoudite a évité de justesse un affrontement entre la Syrie et l'Irak, lorsque Damas avait unilatéralement entrepris le remplissage d'un barrage sur ce fleuve. En 1990, c'était au tour de la Syrie et la Turquie de se menacer d'en venir aux armes pour régler leur différend hydraulique. La Syrie, ravagée par la guerre civile, est aussi en conflit avec son voisin Israël pour le contrôle du plateau du Golan, annexé en 1981 par Israël. Une partie des affluents du Jourdain y trouvent leurs sources, et Israël y puise 35 % de son alimentation en eau. Dixit le média Les Echos. L'Afrique du Nord aussi perd ses ingénieurs spécialisés dans la gestion de l'eau à cause de la guerre en Lybie.

Les émeutes de la soif effectivement sont courantes à plusieurs endroits du globe malheureusement dans ce fléau est sous estimé par l'opinion international.

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