Le lundi 23 juin 2025, la Banque Africaine de Développement (BAD) a lancé les 54 rapports pays 2025 en particulier celui de la Côte d’Ivoire. Le thème choisi était : "Tirer le meilleur parti du capital de l’Afrique pour favoriser son développement". selon ce rapport, la Côte d'Ivoire continue d'afficher un dynamisme économique impressionnant, avec des prévisions de croissance solides et une réduction notable de son déficit budgétaire. Cependant, plusieurs défis demeurent pour assurer une croissance inclusive et durable.
Croissance économique et inflation sous contrôle
Selon les prévisions de la BAD, le PIB réel de la Côte d'Ivoire pour 2024 est estimé à 6,1 %, et on a des prévisions stables qui se chiffrent autour de 6,3 % pour les années 2025-2026. Quant à l'inflation, elle est également en baisse, avec une estimation de 3,5 % pour 2024, contre 4,4 % en 2023, ce qui reflète une gestion macroéconomique plus stable.
Réduction du déficit budgétaire
Le déficit budgétaire a été réduit à 4 % du PIB en 2024, contre 5,2 % l’année précédente, ce qui représente une amélioration significative. Toutefois, la mobilisation des ressources reste insuffisante. Le taux de pression fiscale, qui atteint seulement 13,8 % du PIB, est bien en dessous du seuil communautaire de 20 %. Le secteur informel, ainsi qu'une exploitation insuffisante des leviers fiscaux comme l'impôt foncier et le commerce électronique, limitent les recettes fiscales du pays.
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Les solutions des panelistes
Investir dans le capital humain et l’environnement : Kadio Lionel Kouao, économiste pays à la BAD affirme le besoin d’un investissement plus important dans le capital humain, en particulier dans les secteurs de la santé, de la formation et de l’adéquation des compétences avec les besoins du marché de l’emploi. Le pays doit également mieux valoriser son capital naturel, qui reste sous-exploité malgré sa part importante de ressources renouvelables (95 %). Une meilleure comptabilité environnementale pourrait permettre de maximiser ce potentiel.
Lutte contre la corruption et amélioration du climat des affaires : La corruption reste un frein majeur à l'attraction des investissements. La sécurisation du foncier et l’amélioration du climat des affaires sont des priorités pour renforcer la confiance des investisseurs et soutenir le développement économique du pays.
Le financement pour les objectifs de développement durable : Pour atteindre ses objectifs de développement durable d’ici 2030, la Côte d’Ivoire doit mobiliser environ 3,2 milliards USD par an, soit environ 3,5 % de son PIB, selon la BAD. Cela représente un défi considérable, mais aussi une opportunité pour accélérer la transformation économique du pays en activant les leviers appropriés.
L'amélioration du taux de bancarisation : Selon Marcelin Cissé, Directeur Général du Plan au Ministère de l’Économie, il est important de créer un environnement socio-économique stable et d’améliorer le taux de bancarisation. Un secteur bancaire plus inclusif pourrait stimuler l'accès aux financements pour les entreprises, en particulier les petites et moyennes entreprises (PME), et soutenir l'économie réelle.
Le rôle crucial de la digitalisation et de la formation : Dr Joseph Ribeiro, Directeur Général Adjoint de la BAD pour la région Afrique de l’Ouest, a insisté sur l'importance de la digitalisation des systèmes pour faciliter l'insertion des jeunes dans l’économie. Il a également souligné que les compétences sont un facteur clé de réussite pour les jeunes en Afrique, et qu'une formation adéquate peut transformer ce "désavantage démographique" en un atout pour l'économie.
Revalorisation des métiers : Dr Hugues Kouadio, directeur de l’ENSEA, a quant à lui mis l’accent sur la nécessité de revaloriser certains métiers sous-estimés mais essentiels à l’économie, comme les métiers liés aux statistiques et à l’économie appliquée.
La Côte d'Ivoire est sur une trajectoire de croissance impressionnante, mais pour pérenniser cette dynamique, des efforts substantiels sont nécessaires dans plusieurs domaines