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Le Kouroubi : une danse traditionnelle ancestrale du pays Malinké

Le Kroubi (ou Kouroubi) est une danse traditionnelle en Côte d’Ivoire pratiquée principalement par les jeunes filles malinké en âge de se marier. Bien que étroitement associée au mois de Ramadan, cette célébration puise ses racines dans des traditions ancestrales préislamiques.
Le Kouroubi : une danse traditionnelle ancestrale du pays Malinké
Le Kouroubi : une danse traditionnelle ancestrale du pays Malinké

Aujourd’hui, le Kroubi demeure vivace dans certaines régions de la Côte d’Ivoire, notamment à Bondoukou, où il est devenu un événement culturel majeur, tandis qu’il tend à disparaître ailleurs sous l’effet de la modernisation et de l’influence de l’islam.

Origines et signification du Kroubi

Le Kouroubi

Le Kouroubi

Le Kroubi est un rituel de réjouissance qui se déroule généralement à partir du 26e ou 27e jour du Ramadan et s’étend jusqu’à la veille de l’Aïd-El-Kebîr. Il est principalement célébré dans le nord et le nord-est de la Côte d'Ivoire, notamment dans les régions du nord-ouest (Ouorodougou, Kabadougou) et du nord-est (Kong, Bondoukou, Bouna) Korhogo. Contrairement aux idées reçues, cette danse n’a pas une origine islamique stricte, mais elle a été progressivement intégrée aux festivités religieuses musulmanes.

Cette tradition est avant tout un rite de passage marquant la transition des jeunes filles vers l’âge adulte. C’est l’occasion où les jeunes filles vierges, habillées de leurs plus beaux vêtements, chantent et exécutent des mouvements rythmés sous le regard bienveillant de leur communauté. C'est un moment de joie et de partage, qui symbolise le passage à l’âge adulte et, dans certains cas, représente une opportunité pour les jeunes filles d’être remarquées par de futurs prétendants.

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Déroulement de la cérémonie

Le Kroubi se déroule généralement sur une place publique et est rythmé par des instruments traditionnels tels que le djembé. Les jeunes filles, appelées Kroubidèn, s’habillent avec des tenues traditionnelles et se parent de bijoux et de parures raffinées. Elles portent en main des chasse-mouches faits de queue de cheval ou de bœuf, symboles de noblesse et d’élégance, qu'elles balancent dans des gestes synchronisés au son de la musique.

Dans certaines régions, notamment à Bondoukou, une pratique impressionnante consiste à exécuter la danse sur un échafaudage de trois mètres de hauteur. Selon la croyance populaire, une fille non vierge risquerait de provoquer l’effondrement de la structure, mettant en danger celles qui l’accompagnent. Bien que cette pratique soit en déclin, elle témoigne de l’importance de la pureté et des valeurs morales attachées au Kroubi.

Le Kouroubi

Le Kouroubi

Un patrimoine en Déclin

Jusqu’aux années 1990, le Kroubi était une tradition bien ancrée dans plusieurs localités du nord de la Côte d’Ivoire. Cependant, avec l’essor de l’islam et l’influence de courants plus stricts, cette danse a été progressivement délaissée dans certaines zones. Plusieurs facteurs expliquent ce recul

·         L’influence croissante de l’islam rigoriste, L’islam, dans ses formes les plus rigoristes, rejette certaines pratiques festives, ce qui a conduit à la disparition du Kroubi dans plusieurs localités où la religion s'est renforcée. 

·         La modernisation et les transformations sociales, qui poussent les jeunes générations à délaisser les traditions jugées désuètes.

.  Le manque de transmission intergénérationnelle, avec l’absence d’initiatives pour perpétuer la tradition.

Le Kouroubi

Le Kouroubi

Bondoukou : un exemple de préservation et de valorisation

Surnommée la ville aux mille mosquées, Bondoukou est aujourd’hui un des derniers bastions où le Kouroubi est encore célébré avec engouement. Grâce à des efforts de valorisation, cette danse a su s’adapter aux réalités modernes sans perdre son essence. L’instauration du festival « Semaine du Kouroubi », inscrit à l’agenda culturel du ministère de la Culture, témoigne de cette volonté de sauvegarde.

Ce festival annuel attire de nombreux visiteurs et ressortissants de la région, transformant le Kouroubi en un véritable atout touristique et identitaire. À travers cette initiative, Bondoukou prouve que les traditions, même menacées, peuvent être préservées et réinventées, garantissant ainsi la transmission d’un précieux héritage culturel.

Ainsi, le Kouroubi n’est pas qu’une simple danse : c’est une manifestation identitaire, un rite social et une célébration collective qui traverse les âges et continue de témoigner de la richesse culturelle de la Côte d’Ivoire.

Et vous, avez-vous déjà assisté à un Kroubi ? Quels souvenirs en gardez-vous ?



Aissatou Doumbia