Face à ces allégations, une nouvelle page Facebook, "Alerte Fake News", a été créée pour lutter contre la désinformation entourant le processus électoral et répondre aux accusations portées contre la Commission Électorale Indépendante (CEI).
Plaintes et réactions : des cas d’inscriptions non consenties ?
Depuis quelques jours, plusieurs internautes ont partagé des témoignages affirmant qu’ils figuraient sur la liste électorale sans jamais s’être inscrits. Parmi eux, Monsieur Sylla a publié un message largement relayé :
« Mon nom apparaît sur la liste électorale de Oumé, plus précisément à Diegonfla, une localité dans laquelle je n'ai aucun parent proche et où je n'ai jamais mis les pieds. Comment est-il possible que je sois enrôlé sans mon consentement ? »
De même, Madame Césaria Ahou a exprimé son étonnement dans un post du 18 mars 2025 :
« J’ai récemment découvert avec stupéfaction que mon nom figure sur la liste électorale ivoirienne, alors que je ne me suis jamais inscrite et que personne de mon entourage ne l’a fait pour moi. Mon père, tout aussi choqué, peut en témoigner. Comment est-il possible qu’une citoyenne soit enregistrée sans son consentement ni son intervention ? Qui m’a inscrite, quand ? Et dans quel but ? Cette situation soulève de graves questions sur l’intégrité du processus électoral... »
Ce genre de témoignages, partagés massivement sur les réseaux sociaux, a renforcé la méfiance de certains citoyens à l’égard du processus électoral. Cependant, la page "Alerte Fake News" a rapidement réagi en publiant des démentis accompagnés de preuves pour réfuter ces accusations.
Les réponses de "Alerte Fake News" : entre vérifications et mises au point
Face aux accusations, la page Alerte Fake News a entrepris de vérifier et de répondre à plusieurs cas signalés.
Par exemple, en réponse à Monsieur Sylla, il a publié :
« M. SYLLA s'est fait recenser le 03/12/2022 à Diegonfla. Ci-dessous les photos prises de son visage et de sa CNI lors de ce recensement. »
Des images de l’enrôlement ont été mises en ligne pour prouver que l’individu s’était bien fait inscrire. La page souligne ainsi que, contrairement à ce qu’il affirme, il a été affecté au centre de vote EEP Diegonfla 2, confirmant qu’il s’est bien enrôlé à cet endroit.
Dans le cas d’Evelyn Césaria Ahou, la page a également fourni des preuves :
« Mlle AHOU s'est fait recenser le 11/07/2015 à Bonoua. Ci-dessous les photos prises de son visage et de son certificat de nationalité établi le 08/07/2015. Elle est revenue une nouvelle fois se faire recenser en catégorie 2 le 19/07/2016 avec un nouveau certificat de nationalité établi le 5 février 2016. »
Ces publications ont mis en lumière un phénomène où certaines personnes, par oubli ou par méconnaissance des procédures, contestent leur enrôlement alors que des preuves attestent du contraire.
Manipulation ou réel problème de transparence ?
Si la page Ci Fake News s’efforce d’apporter des éclaircissements et de combattre la désinformation, son existence et ses méthodes suscitent néanmoins des interrogations. Certains internautes critiquent une approche perçue comme agressive, où toute contestation est immédiatement assimilée à une tentative de manipulation. Un commentaire viral résume ce sentiment :
« Au lieu de créer une page pour traiter les gens de menteurs, et si on créait tout simplement une page d’informations récurrentes ? »
Cette critique met en lumière un besoin criant de pédagogie sur le processus électoral. Plutôt que de se limiter à démentir certaines allégations, une communication plus transparente et proactive pourrait permettre d’anticiper ces controverses et de restaurer la confiance des citoyens.
L’apparition de la page Alerte Fake News témoigne de la montée des tensions autour de la transparence électorale en Côte d’Ivoire. Entre dénonciation de manipulations et préoccupations légitimes sur l’intégrité du fichier électoral, le débat est loin d’être clos.
Si cette initiative permet de contrer certaines fausses informations, elle met également en évidence un besoin urgent : améliorer la communication autour du processus électoral pour éviter de tels malentendus. Dans un contexte où la confiance citoyenne est un pilier de la démocratie, l’enjeu dépasse la simple vérification des listes et touche à la crédibilité même du processus électoral ivoirien.
Aissatou Doumbia