À 3 mois d’une élection présidentielle, pas très claire pour les membres de l'opposition en Côte d'Ivoire, l'eurodéputé allemand Michael Gahler a lancé un appel à la représentation de l’Union européenne (UE), l’exhortant à intervenir publiquement face à ce qu’il considère comme une dérive préoccupante du processus électoral ivoirien. Ce message, fort et direct, intervient au moment où les tensions politiques sont de plus en plus vives.
La délégation de l'UE en Côte d'Ivoire doit se positionner publiquement
Le 15 juillet, Michael Gahler, membre du Parti populaire européen (PPE) et spécialiste des questions africaines au Parlement de Strasbourg, a déclaré devant ses collègues qu'il attendait une réaction forte et publique de l'Union européenne. Il a insisté pour que Francesca Di Mauro, l'ambassadrice de l'UE en Côte d'Ivoire, ne reste pas silencieuse sur la situation actuelle : "Je souhaite qu’ils prennent les devants et s’expriment publiquement", a-t-il déclaré. L'eurodéputé a fait valoir qu’il est essentiel que la représentation européenne se positionne clairement, en vue de préserver les valeurs démocratiques dans le pays, à l’approche de l'élection présidentielle d'octobre 2025.
L'importance de respecter les droits humains
Dans ce contexte tendu, Michael Gahler a rappelé que l'UE doit insister sur le respect des libertés fondamentales et des droits humains en Côte d’Ivoire, soulignant que le pays a ratifié des engagements internationaux qui doivent être respectés. Il a mis en garde contre les arrestations arbitraires, les menaces et les intimidations politiques, et a exigé que l'UE fasse entendre sa voix contre ces pratiques, à l'approche de l'élection présidentielle.
Les tensions sont nourries par des arrestations, notamment de 5 responsables de la jeunesse du PDCI-RDA, et des tentatives d'enlèvement avortées de militants. Soumaïla Bredoumy, porte-parole du parti, a d’ailleurs quitté le pays pour éviter une arrestation. Ce climat de répression a renforcé les appels à l’action, notamment de la part des partis d’opposition qui dénoncent les intimidations politiques à l’approche du scrutin.
Une révision demandée de la liste électorale
Un autre point crucial soulevé par Michael Gahler concerne la révision de la liste électorale, une exigence que l’opposition réclame depuis plusieurs mois. Selon Gahler, la révision de cette liste doit se faire avant octobre 2025, conformément au Code électoral et à la législation nationale de la Côte d'Ivoire.
Bien que le président de la Commission électorale indépendante (CEI), Ibrahim Kuibiert Coulibaly, ait estimé que cette révision prendrait plusieurs mois et risquerait de compromettre le bon déroulement de l’élection, Gahler estime que c'est une excuse insuffisante.
Suspension de financements européens
Une autre demande forte de Michael Gahler concerne la suspension de l’aide financière européenne, en particulier un financement de 8 millions d’euros, tant que tous les candidats éligibles n'ont pas la possibilité de se présenter aux élections. Gahler a affirmé qu’il ne s’agissait pas d’imposer des standards européens à la Côte d’Ivoire, mais de demander le respect des engagements pris par le gouvernement ivoirien lui-même.