Dans une longue intervention sur le plateau de la chaîne de télévision NCI, Charles Blé Goudé dévoile pour la première fois les dessous de sa brouille avec Laurent Gbagbo. Entre révélations sur une mission confidentielle à la CPI, accusations d’ingérence politique et dénonciation d’un « conglomérat » qui aurait infiltré la gauche ivoirienne, l’ancien ministre de la Jeunesse rompt brutalement avec la réserve qu’il s’imposait depuis son retour au pays.
1. « La seule commission que le président Gbagbo m’a donnée »
Blé Goudé affirme que durant toute la période de détention à la Cour pénale internationale, Laurent Gbagbo ne lui a jamais donné d’ordres par intermédiaire. Une seule exception : une mission délicate concernant la maison servant alors de siège au FPI, propriété selon lui de Nady Bamba.
Il relate avoir contacté dès l'aube Pascal Affi N’Guessan pour négocier la rétrocession du bâtiment, au nom de la santé et de la tranquillité du président incarcéré. Affi aurait accepté, à condition qu’un représentant de confiance assiste à la procédure.
Lorsque Gbagbo reçoit le numéro transmis par Nady Bamba « Ousmane C. Savané » la rétrocession est alors officiellement lancée.
Pour Blé Goudé, ce succès demeure « le seul service que Gbagbo m’a demandé ». Une fierté qui deviendra pourtant, dit-il, le début d’une hostilité inexplicable.
2. « Depuis ce jour, les choses ont radicalement changé »
Selon Blé Goudé, le tournant survient plus tard, alors qu’ils sont en liberté provisoire. Il affirme qu’un émissaire son ancien directeur de cabinet lui aurait été envoyé par Nady Bamba à 3h du matin pour lui transmettre un message glaçant :
Tant que je suis en vie, tu ne verras plus jamais le président Gbagbo. J’aurai ta peau.
Il dit avoir interrogé l’envoyé sur l’origine réelle de ces propos, mais celui-ci aurait maintenu qu’il parlait « sur instruction ». Pour Blé Goudé, cette séquence marque le début d’un programme visant à l’écarter définitivement du président.
3. « Un conglomérat d’infiltrés dirige aujourd’hui le parti »
Blé Goudé accuse un groupe précis d’avoir pris possession de ce qui était autrefois la gauche ivoirienne.
Il cite notamment Stéphane Kipré, qu’il décrit comme « parrainé par Nady Bamba », ainsi que des anciens proches de l’UNG, qu’il estime responsables des divisions actuelles du camp progressiste.
Pendant que plusieurs figures historiques Dida Kwasi, Damana Pickass, Koné Katinan se retrouvent en prison, « le conglomérat », dit-il, « est dehors » et se positionne aux législatives.
Pour lui, il s’agit d’un plan d’expropriation et d’appropriation du parti, au détriment de ceux qui ont partagé la lutte historique avec Gbagbo.
4. « J’ai tout tenté pour rencontrer le président Gbagbo »
Blé Goudé affirme avoir multiplié les démarches pour revoir l’ancien chef de l’État : pasteurs, professeurs, chefs coutumiers, lettres manuscrites… Rien n’aurait abouti.
Il soutient que l’entourage présidentiel aurait instauré « un corridor, un guichet unique » : toute personne souhaitant accéder à Gbagbo devrait passer par un filtrage contrôlé, selon lui, par Nady Bamba.
Il précise que plusieurs cadres échangent avec lui « en cachette », de peur d’être eux-mêmes mis à l’écart.
5. « Il y a un complot contre la gauche ivoirienne »
Interrogé sur ce mot fort, Blé Goudé insiste : le simple fait que des camarades de combat historique ne puissent plus se parler directement serait la preuve d’une manœuvre d’isolement interne. Selon lui, la gauche ivoirienne est aujourd’hui « à terre » non pas à cause de ses adversaires politiques, mais à cause d’une infiltration interne orchestrée pour contrôler l’accès à Gbagbo et redessiner le leadership.
6. « J’ai souffert en silence »
L’émotion perce lorsqu’il évoque les trois dernières années. Il dit avoir été victime d’attaques continues, notamment via des cyberactivistes qu’il attribue à Nady Bamba :
Dès notre sortie de prison, elle a actionné les réseaux sociaux pour dire que Gbagbo ne me parlait plus.
Il explique avoir gardé le silence par loyauté envers Gbagbo, qu’il appelle « mon père », mais estime que continuer à se taire serait désormais perçu comme une forme de trahison.
7. « Je demande pardon au président Gbagbo »
Malgré la dureté de ses révélations, Blé Goudé conclut sur un appel à la réconciliation :
il demande pardon à Laurent Gbagbo « s’il l’a offensé » et dit croire qu’il peut encore lui être utile.
Il refuse en revanche de commenter les déclarations publiques du président sur lui :
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Je lui donne tous les droits sur moi. Mais les chauffeurs de café à côté, je ne veux pas.
En rompant son silence, Charles Blé Goudé place la lumière sur des années de tensions internes au PPA-CI et sur une rupture qu’il attribue à l’influence grandissante de Nady Bamba. Il se dit prêt à affronter la justice si nécessaire et réaffirme sa fidélité au président Gbagbo, tout en dénonçant un système qui, selon lui, étouffe la gauche ivoirienne de l’intérieur.


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