Les résultats officiels du scrutin
Selon les chiffres publiés par le Conseil constitutionnel, Paul Biya obtient 53,66 % des suffrages exprimés, lui assurant ainsi un nouveau mandat en tant que président du Cameroun sans passer par un second tour. Son principal adversaire, Issa Tchiroma Bakary, se hisse à la deuxième place avec 35,19 % des voix.
Les autres candidats arrivent loin derrière :
Cabral Libii : 3,4 %
Bello Bouba Maïgari : 2,5 %
Hermine Patricia Tomaino Ndam Njoya (seule femme en lice) : 1,7 %
Le taux de participation s’élève à environ 57,7 %, un chiffre moyen qui traduit à la fois l’intérêt pour cette élection et une certaine fatigue politique dans une partie de l’électorat.
Une victoire sans surprise mais pleine de symboles
Cette victoire confirme le pouvoir du président sur la vie politique camerounaise et la solidité du système Biya, soutenu par l’appareil d’État et une majorité institutionnelle restée fidèle au chef de l’État.
Mais pour beaucoup, ces chiffres sont le reflet d’un déséquilibre électoral chronique, dans un pays où les partis d’opposition, affaiblis et divisés malgré les appels à l’union, manquent de moyens, d’un accès équitable aux médias et de véritables garanties de transparence. Cette fragmentation a, une fois de plus, facilité la victoire du président sortant.
Avec un écart d’environ 18 points entre Biya et Tchiroma, le pouvoir en place conserve une large marge de manœuvre institutionnelle et politique.
Mais derrière ces chiffres se cachent des questions essentielles :
Peut-on encore parler d’alternance après plus de 40 ans de pouvoir ?
Le système électoral camerounais garantit-il réellement la transparence et la représentativité du peuple ?
Des contestations dès les premiers dépouillements
Les premières tensions ont éclaté dès le début du dépouillement. Des partisans de l’opposition ont dénoncé des irrégularités, des bourrages d’urnes et des manipulations de procès-verbaux.
À Douala, Yaoundé, Garoua et Bafoussam, des marches spontanées ont rapidement été organisées pour réclamer la “vérité des urnes”.
Les forces de l’ordre sont intervenues, provoquant plusieurs blessés et arrestations. Face à la montée des tensions, les autorités ont renforcé la présence sécuritaire, restreint la circulation dans certains quartiers et ralenti l’accès à Internet dans plusieurs régions du pays.
Tensions et manifestations après la proclamation
Depuis la publication officielle des résultats le 27 octobre 2025, le Cameroun vit des heures agitées. À Douala, des affrontements ont éclaté entre manifestants et forces de l’ordre, faisant plusieurs morts selon des médias.
Des marches de protestation ont également eu lieu à Garoua, Maroua, Bafoussam et Ngaoundéré, où les partisans de l’opposition continuent de dénoncer un scrutin “truqué” et “confisqué”.
Les autorités ont réagi par un renforcement du dispositif sécuritaire, la limitation des déplacements, et même des perturbations d’Internet dans les régions les plus agitées
Messages et prises de parole sur les réseaux : le post fort de Tchiroma
&format=jpeg)
L’opposant Issa Tchiroma Bakary a publié plusieurs messages sur ses réseaux sociaux depuis le début des événements. Parmi eux, un post particulièrement fort et sans concession, qui a largement circulé :
Je tiens à rendre un grand hommage à celles et ceux qui sont tombés sous les balles d'un régime devenu criminel, lors d'une marche pacifique du peuple sorti en masse pour exercer un droit universel. Merci d'être sortis en si grand nombre, peuple camerounais cette fois-ci ils ne nous arrêteront pas. Nous leur demandons, sans délai, d'arrêter ces actes de barbarie: ces tueries et ces arrestations arbitraires. Faut-il mettre ce peuple à feu et à sang juste pour s'accrocher au pouvoir ? Dites la vérité des urnes, ou nous nous mobiliserons tous et marcherons pacifiquement vers Etoudi pour faire respecter la volonté du peuple.
Il a ensuite publié un second message sobre sur le bilan immédiat des violences :
Bilan de leur attaque : deux morts
D’autres posts ont suivi, manifestant colère, défi et détermination parmi lesquels :
Je me demande ce qu'on dira cette fois. Tirer à bout portant sur vos propres frères je me demande bien si vous n'êtes pas des mercenaires. Tuez-moi si vous voulez, mais je libérerai ce pays par tous les moyens. Quelle impunité notoire
Ces propos ont suscité une onde de réactions de la solidarité parmi ses partisans à des appels à la prudence et à la désescalade chez d’autres observateurs.
Sur le terrain, la combinaison de violences, d’arrestations et de posts enflammés sur les réseaux sociaux maintient une situation volatile : la crainte d’une radicalisation existe si aucune médiation sérieuse n’est engagée.
Un pays divisé entre stabilité et changement
Pour certains Camerounais, Paul Biya représente la stabilité face aux crises régionales et sécuritaires. Pour d’autres, il est le symbole d’un pouvoir immobile qui doit laisser place à une nouvelle génération. Les messages de l’opposition, tels que ceux publiés par Tchiroma, montrent l’exaspération et la détermination d’une partie de la population. Mais ils posent aussi la question cruciale de la stratégie : comment transformer la colère en pression politique constructive sans glisser vers l’affrontement généralisé ?
Alors que les tensions persistent, la communauté internationale appelle au calme et à un dialogue inclusif. Mais la réalité du terrain montre un pays divisé, où la confiance envers les institutions électorales est fragilisée.
Le Cameroun aborde cette nouvelle étape de son histoire dans un climat d’incertitude, entre la continuité imposée et le désir de changement d’une partie grandissante de la population.


&format=jpeg)
)
&format=jpeg)
&format=jpeg)
&format=jpeg)