Le gouvernement burkinabè a franchi une étape majeure pour l’intégration africaine en instaurant la gratuité des visas d’entrée, désormais accessible à tous les ressortissants des 54 pays membres de l’Union Africaine. Une mesure qui vise à renforcer la mobilité, les échanges et le rapprochement entre les peuples du continent.
Une annonce symbolique et stratégique
L’annonce a été faite le jeudi 11 septembre 2025, à l’issue du Conseil des ministres, et présentée par le ministre de la Sécurité, Mahamadou Sana. Cette décision s’inscrit dans la politique de souveraineté et de rapprochement panafricain prônée par le président de la Transition, le capitaine Ibrahim Traoré.
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Ce que cela signifie concrètement
Tous les Africains sont concernés.
Les frais de visa sont supprimés.
Cependant, la demande de visa reste obligatoire. Les voyageurs devront toujours effectuer les démarches nécessaires via le système de visa en ligne du Burkina Faso ou auprès des ambassades et consulats. La barrière financière disparaît, mais l’organisation demeure.
Pourquoi maintenant ?
Au-delà de l’aspect pratique, c’est une décision politique et symbolique.
Un geste panafricaniste fort : elle marque une rupture avec les anciens schémas et affirme un ancrage africain assumé.
Un coup d’accélérateur pour les échanges : en rendant le pays plus attractif pour le tourisme, les investissements, les échanges commerciaux, culturels et académiques.
Un alignement avec l’Union Africaine : le Burkina devance même certaines organisations régionales comme la CEDEAO en appliquant concrètement le principe de libre circulation.
Enjeux et perspectives
Les enjeux de cette décision sont nombreux et touchent plusieurs domaines :
Économiques : la perte des revenus liés aux visas pourrait être compensée par un afflux accru de visiteurs et d’investisseurs.
Hôtellerie, restauration, artisanat et transport pourraient en bénéficier directement.
Diplomatiques : cette mesure renforce la visibilité internationale du pays et consolide ses relations bilatérales sur le continent.
Sécuritaires : la situation reste sensible. Le pays devra gérer cet afflux en garantissant la sécurité aux frontières, dans un contexte marqué par la menace de groupes armés.
Un pari audacieux
Le Burkina Faso prend un risque calculé. Le manque à gagner immédiat lié aux frais de visa pourrait sembler lourd dans un pays en quête de ressources, mais l’enjeu est ailleurs. En supprimant ce “ticket d’entrée”, Ouagadougou espère envoyer un signal fort : l’Afrique doit s’ouvrir à elle-même pour exister davantage dans le monde.
Si la mesure est bien appliquée et suivie d’effets, elle pourrait inspirer d’autres capitales africaines. Car au-delà du symbole, il s’agit de donner vie à un vieux rêve panafricaniste : voyager d’un pays africain à un autre sans obstacles financiers ou administratifs démesurés.
Les prochains mois permettront de mesurer l’impact réel de cette décision. Plus de touristes africains à Ouagadougou et Bobo-Dioulasso ? Plus d’étudiants et de chercheurs en mobilité régionale ? Plus de commerçants profitant de la fluidité pour développer leurs affaires ?
Quoi qu’il en soit, le Burkina Faso vient d’allumer une étincelle. Dans un continent souvent freiné par ses propres frontières, la gratuité du visa est une invitation : “Bienvenue chez nous, parce que chez nous, c’est aussi chez vous.”