La Côte d’Ivoire entre dans une phase de verrouillage sécuritaire inédit. Réuni le jeudi 2 octobre sous la présidence d’Alassane Ouattara, le Conseil National de Sécurité a tranché : plus aucune manifestation publique ne sera tolérée d’ici la présidentielle du 25 octobre. Dans le même souffle, 44 000 éléments des forces de défense et de sécurité sont mis en alerte pour garantir un scrutin apaisé. Une décision qui survient dans un climat déjà tendu par les contestations de l’opposition.
)
Opération « Espérance » : 44 000 forces en ordre de bataille
Le dispositif sécuritaire est déployé. Le Conseil National de Sécurité a acté la mise en œuvre de l’opération « Espérance », une vaste campagne mobilisant 44 000 éléments des Forces de Défense et de Sécurité. Leur mission : quadriller le territoire national via des patrouilles mixtes, pédestres et motorisées pour garantir un scrutin "sécurisé et apaisé".
Un exercice de simulation réalisé en septembre a été salué comme une réussite, ayant permis de "renforcer la synergie d’action" des unités. Le Président Ouattara a adressé ses "félicitations" aux ministres et aux commandements pour ces préparatifs.
)
Condamnation ferme et rappel à la loi constitutionnelle
Le Conseil est monté au front sur le terrain politique. Il "condamne fermement" les comportements et propos "xénophobes, haineux et subversifs" tenus depuis la publication de la liste du Conseil Constitutionnel, les jugeant "de nature à troubler l’ordre public". Surtout, le Conseil National de Sécurité brandit l’article 138 de la Constitution, rappelant que « Les décisions du Conseil Constitutionnel ne sont susceptibles d’aucun recours. Elles s’imposent aux pouvoirs publics, à toute autorité administrative, juridictionnelle, militaire et à toute personne physique ou morale. » La conséquence est claire : toute contestation des décisions du Conseil Constitutionnel, de quelque nature qu’elle soit, est illégale et expose ses auteurs aux sanctions prévues par la loi.
Instructions claires : interdiction des manifestations
)
La menace a été suivie d'instructions opérationnelles. Les Ministres de la Justice et de la Sécurité ont été "instruits" pour "prendre toutes les dispositions nécessaires pour maintenir l’ordre et la sécurité, y compris l’interdiction des meetings et manifestations publiques visant à contester les décisions du Conseil Constitutionnel."
La marche du 4 octobre : une mobilisation interdite
Cette manifestation visait à contester la liste définitive des candidats à la présidentielle, publiée par le Conseil Constitutionnel le 8 septembre dernier.
En interdisant par avance tout rassemblement contestataire, le pouvoir coupe court à toute tentative de mobilisation de rue. Le Conseil National de Sécurité justifie cette interdiction en invoquant la préservation de l'ordre public et l'autorité de la Constitution.
À la suite de cette décision, le PPA-CI n' a pas tardé a réagi lors d’une conférence de presse. Le parti a indiqué prendre acte de l’interdiction annoncée par les autorités et a annoncé le report de sa marche au 11 octobre 2025.
Les relais d'apaisement salués par le Président
Dans ce climat de fermeté, le pouvoir cherche aussi les conciliateurs. Le Président Ouattara a adressé ses "félicitations" aux acteurs engagés pour l'apaisement. Il a cité nommément la Chambre Nationale des Rois et Chefs Traditionnels pour sa "récente tournée de sensibilisation", ainsi que les Guides religieux et les acteurs de la société civile. Il les a invités à "poursuivre leurs initiatives" pour préserver la paix.
En conclusion, le Chef de l'État a tenu à "rassurer les Ivoiriennes et les Ivoiriens, ainsi que les populations étrangères vivant en Côte d’Ivoire, du bon déroulement du processus électoral, dans la quiétude et la sécurité." Un message destiné à montrer un visage serein, tandis que le dispositif sécuritaire se referme sur la campagne électorale et que la marche du 4 octobre est officiellement enterrée.