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Culture : le 4 août 1983, Thomas Sankara sonnait la révolte !

Dès sa prise de pouvoir le 4 août 1983, Thomas Sankara fait de la bonne gouvernance l’un des piliers de sa révolution. Avec l’autorité d’un capitaine, il impose l’exemplarité autour de lui.

Thomas Sankara

Thomas Sankara est né le 21 décembre 1949 à Yako, en Haute-Volta, d’un père gendarme soucieux de l’éducation de ses enfants. « Pour Thomas, le sens de l’intégrité était poussé à l’extrême, assure Valentin Sankara, frère cadet de Thomas. S’il tombait sur quelqu’un de malhonnête, il lui faisait la leçon. Il était franc avec tout le monde et détestait les injustices. » Thomas Sankara est le troisième enfant dans une fratrie de onze et il est l’aîné des garçons. Très vite, il va acquérir le sens des responsabilités.

Bon élève, le jeune Thomas se destine à entrer au séminaire comme le souhaitent ses parents, mais il décide de poursuivre ses études pour devenir médecin. Comme il n’obtient pas de bourse, il se lance finalement dans une carrière au prytanée militaire de Kadiogo, à Ouagadougou, à partir de la classe de seconde. « Par son esprit vif et son éloquence, il est devenu le leader de notre groupe d’officiers, se souvient Bernard Sanou, ancien camarade et actuel président du mémorial Thomas-Sankara. Il s’infligeait une discipline très stricte. Lorsqu’il était élève de jour, en charge de diriger les activités, il nous épuisait avec une cadence infernale. Il était le prototype de l’ordre, de la discipline et de la rigueur. »

Secrétaire d’État à l’Information en 1981, Premier ministre en janvier 1983, Thomas Sankara n’est pas inconnu quand il prend le pouvoir le 4 août 1983. Au début des années 1980, le pays connaît une succession de coups d’État militaires et, avec son ami Blaise Compaoré, le jeune capitaine incarne l'aile progressiste de l’armée.

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Sous sa présidence, le Burkina Faso ne contracte plus de prêts avec le FMI, dont il rejette les conditions, jugeant la dette contractée par les pays africains comme un frein au développement et historiquement illégitime. C’est le grand combat de Thomas Sankara qui le fait connaître dans le monde entier.

À Addis Abeba, en 1987, trois mois avant son assassinat, il prononce un discours devant l’Organisation de l’unité africaine (l’OUA, ancêtre de l’Union africaine) dans lequel il appelle les pays africains à s’unir. "Si le Burkina, tout seul, refuse de payer la dette, je ne serai pas là à la prochaine conférence", lance-t-il à la tribune.

Ses quatre années de pouvoir ont aussi une face sombre. Thomas Sankara crée, à la suite du coup d’État qui le porte au pouvoir, des Comités de défense de la révolution (CDR), inspirés de la révolution cubaine. Formés de militants fidèles, ils sont chargés de mettre la révolution en marche mais aussi de surveiller la population.

Cette facette de son régime crée de fortes tensions, notamment quand les professeurs sont révoqués, ou quand les syndicats et les partis d’opposition sont réprimés, parfois très brutalement. À cette période, lors des élections, le vote n’est pas secret et s’effectue en public.

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  • Le bâtisseur

Thomas Sankara veut construire une économie qui ne dépend plus de l'aide extérieure. En 1983, il interdit l’importation de fruits et légumes afin d'inciter les commerçants à se fournir localement. Le capitaine engage également une réforme agraire qui va rapidement porter ses fruits.

La production agricole nationale augmente significativement et, en 1986, le rapporteur spécial pour le droit à l’alimentation des Nations unies, Jean Ziegler, estime que "le Burkina Faso est devenu alimentairement autosuffisant".

Pour lutter contre la pauvreté, il engage un plan de lutte contre l’analphabétisme qui fait passer le taux de scolarisation de 6 % à 24 % sous sa présidence. En 1985, à la demande de l’OMS, il organise une campagne de vaccination qui, en quelques semaines, permet à 2,5 millions d’enfants d’être vaccinés contre la rougeole, la méningite et la fièvre jaune.

  • L’anticolonial
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"La politique africaine de la France, je la trouve très française", avait-il un jour déclaré. Pendant ses quatre années au pouvoir, l’homme pressé ne respecte guère les usages diplomatiques. En 1986, lors de la visite de François Mitterrand au Burkina Faso, il critique publiquement, devant son hôte, l'accueil en France des dirigeants de l’Afrique du Sud encore régie par le régime de l’Apartheid. Thomas Sankara suscite à nouveau la colère de Paris lorsqu’il appelle à l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie quelques semaines plus tard.

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