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Écoles ghanéennes : l’enseignement en langues locales devient obligatoire

Le Ghana ose un retour aux sources : le gouvernement impose désormais l’usage des langues locales comme principal moyen d’enseignement dans les écoles.
Des élèves en classe à l'école primaire/ africanews
Des élèves en classe à l'école primaire/ africanews

Une révolution culturelle et éducative est en marche au Ghana. Le 24 octobre 2025, le ministre de l’Éducation, Haruna Iddrisu, a annoncé une réforme historique : désormais, les langues locales seront la principale langue d’enseignement dans toutes les écoles de base du pays.

Cette décision marque un tournant décisif dans la politique éducative ghanéenne, longtemps dominée par l’usage exclusif de l’anglais, héritage de la colonisation britannique.

Un retour aux racines pour une meilleure éducation

Le ministre a justifié cette mesure par la nécessité de renforcer l’identité culturelle et d’améliorer la compréhension des élèves. Il a notamment souligné que les enfants apprennent mieux dans une langue qu’ils comprennent et qu’ils vivent au quotidien, un principe soutenu par les études internationales en éducation.

L’idée derrière cette politique n’est pas nouvelle et bénéficie déjà d’un fort soutien international. Les recherches menées par l’UNESCO et la Banque mondiale montrent depuis longtemps que les enfants apprennent plus vite et avec plus de confiance lorsqu’ils reçoivent un enseignement dans leur langue maternelle, en particulier pendant leurs premières années de scolarité. Pour le gouvernement ghanéen, cette politique vise également à renforcer l'autonomie culturelle, affirmant qu'il est temps de reconnecter éducation et identité après des générations d'anglais, héritage colonial. Cette démarche s’inscrit dans la continuité de réformes déjà amorcées depuis plusieurs années, comme l’encouragement à l’utilisation de tissus traditionnels locaux, tels que le pagne made in Ghana, pour la confection des uniformes scolaires, afin de soutenir l’industrie locale et valoriser le patrimoine culturel du pays.

Écoles ghanéennes : l’enseignement en langues locales devient obligatoire
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La mise en œuvre et les résultats attendus

Ainsi, de la maternelle jusqu’à la classe de primaire 3, les enseignants devront désormais utiliser les langues maternelles des élèves comme principal moyen d’enseignement. L’anglais restera présent, mais il ne redeviendra la langue dominante qu’à partir de la classe de primaire 4, pour permettre une transition progressive.

Des études menées au Ghana ont montré que les élèves ayant reçu une éducation initiale dans leur langue locale développent de meilleures compétences de lecture, de compréhension et de raisonnement logique. Cette idée gagne également du terrain dans d’autres pays africains, comme le Burkina Faso, l’Afrique du Sud, le Kenya et la Tanzanie, qui adoptent des approches similaires pour promouvoir les langues locales dans les écoles.

Préserver la culture et renforcer le sentiment d’appartenance

Au-delà de la pédagogie, cette réforme est une affirmation identitaire. Le Ghana compte plus de 70 langues, dont 11 sont officiellement reconnues pour l’enseignement. Cette diversité linguistique reflète la richesse culturelle du pays, mais elle a souvent été marginalisée au profit de l’anglais, perçu comme la langue du progrès.

En remettant les langues locales au cœur du système éducatif, le gouvernement souhaite insuffler aux jeunes la fierté de leurs origines et valoriser les cultures traditionnelles.

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Entre défis et espoirs

Si la réforme est saluée par de nombreux éducateurs et défenseurs de la culture africaine, elle soulève néanmoins plusieurs défis concrets :

  • La formation des enseignants à l’usage des langues locales,

  • La disponibilité de manuels scolaires adaptés,

  • Et la gestion linguistique dans les zones urbaines où plusieurs langues coexistent.

    Le ministère de l’Éducation affirme toutefois avoir prévu un plan de mise en œuvre progressif, appuyé par des programmes de formation et la production de nouveaux supports pédagogiques.

Cette réforme représente un tournant majeur dans le système éducatif ghanéen. En rendant l’enseignement en langues locales obligatoire dans les premières années de scolarité, le Ghana mise sur une meilleure compréhension et réussite des élèves tout en affirmant son identité culturelle. Si sa mise en œuvre est efficace, cette politique pourrait servir de modèle pour d’autres pays africains cherchant à concilier éducation de qualité et préservation des langues et cultures locales. La réussite de cette initiative dépendra toutefois de la formation des enseignants, de la disponibilité de supports pédagogiques adaptés et de l’engagement de toutes les parties prenantes.