La République démocratique du Congo (RDC) fait face à une nouvelle escalade de violences dans sa région orientale. Le 29 janvier 2025, le groupe armé M23, soutenu par l’armée rwandaise, contrôle désormais la quasi-totalité de la ville de Goma, une métropole stratégique du Nord-Kivu. Quelles sont les origines de ce groupe et de cette crise ?
Origines du M23
Le M23, ou Mouvement du 23 mars, trouve son origine dans les tensions entre Kinshasa et l’ancienne rébellion pro-rwandaise du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP). En 2009, un accord est signé entre le gouvernement congolais et le CNDP, prévoyant notamment l’intégration des rebelles dans l’armée nationale. Cependant, en 2012, estimant que Kinshasa n’a pas respecté ses engagements, une faction du CNDP reprend les armes et crée le M23.
Dès sa formation, le groupe rebelle mène des offensives dans le Nord-Kivu, parvenant même à occuper Goma en 2012 avant d’être défait par l’armée congolaise et la Mission de l’ONU en RDC (MONUSCO). Un nouvel accord de paix est signé en 2013, mais il ne met pas totalement fin aux tensions.
Un retour en force depuis 2021
Après plusieurs années de relative accalmie, le M23 refait surface en 2021, lançant une nouvelle offensive dans le Nord-Kivu. Son retour exacerbe les tensions diplomatiques entre la RDC et le Rwanda, ce dernier étant régulièrement accusé de soutenir militairement et logistiquement les rebelles. Un rapport de l’ONU publié en 2024 estime que 3 000 à 4 000 soldats rwandais sont engagés aux côtés du M23 et que Kigali contrôle en grande partie les opérations du groupe.

L’objectif du M23 ne se limite pas à une revendication politique. Le Nord-Kivu est une région riche en ressources naturelles : coltan, or, cassitérite, dont l’exploitation constitue un enjeu économique majeur. Selon plusieurs observateurs, le Rwanda chercherait à s’assurer un accès privilégié à ces minerais en soutenant le M23.
Une crise humanitaire aggravée
Les combats entre les forces armées congolaises et le M23 ont provoqué le déplacement de plus d’un demi-million de personnes depuis janvier 2025. Les populations civiles sont les premières victimes de ce conflit, exposées aux violences, aux pillages et aux pénuries alimentaires. Des organisations humanitaires, dont l’ONU et le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), alertent sur les risques de propagation de maladies telles que le choléra, la rougeole et Ebola.
À Goma, la situation est particulièrement préoccupante. Depuis le 26 janvier, les affrontements dans la ville ont fait au moins 17 morts et 367 blessés. Malgré les appels répétés de la communauté internationale à un cessez-le-feu, les combats se poursuivent, alimentant l’instabilité régionale.
Tensions diplomatiques et absence de solution durable
La RDC accuse ouvertement le Rwanda de soutenir le M23 pour déstabiliser l’est congolais et s’approprier ses ressources minières. Kigali, de son côté, dément toute implication, affirmant que la rébellion est un problème purement congolais et qu’elle défend la communauté tutsie congolaise.