L’ancien Premier ministre ivoirien, Guillaume Soro, a vivement critiqué la récente rencontre entre des figures du RHDP et de la coalition CAP-CI, tenue le 16 juillet 2025. Pour lui, il ne s’agit nullement d’un véritable dialogue politique, mais d’une manœuvre orchestrée pour apaiser les regards extérieurs sans adresser les véritables enjeux démocratiques du pays.
Un échange inattendu au siège du MGC
C’est au siège du Mouvement des Générations Capables (MGC), parti fondé par Simone Gbagbo, que s’est déroulé ce que certains ont qualifié de "rencontre historique". Des responsables du parti au pouvoir, le RHDP, y ont échangé avec des membres de la CAP-CI, regroupement d’opposition. Cette discussion, inédite dans un climat politique aussi tendu à l’approche de la présidentielle de 2025, a débouché sur la promesse de la mise en place d’un comité technique pour poursuivre les discussions.
Une stratégie de communication, selon Soro
Mais du côté de Guillaume Soro, cette démarche relève davantage du théâtre politique que d’un processus sincère. Dans un message publié sur ses réseaux sociaux, il fustige une initiative qui, selon lui, "perpétue une tradition ivoirienne de dialogues de façade, destinés à affaiblir l’opposition plutôt qu’à résoudre les véritables conflits".
L’ancien président de l’Assemblée nationale, aujourd’hui rallié au mouvement "Trop c’est trop" lancé par Laurent Gbagbo, accuse le pouvoir de multiplier les gestes symboliques pour soigner son image à l’international, tout en maintenant une mainmise sur les leviers du processus électoral.
Une opposition à ne pas "coopter"
Le clan Soro va plus loin, dénonçant une stratégie de cooptation déguisée : intégrer certains opposants pour donner l’illusion d’un consensus, tout en étouffant les dynamiques collectives de contestation.
Il appelle la CAP-CI à ne pas se laisser entraîner dans ce qu’il qualifie de "faux dialogue" et à maintenir fermement ses revendications. Parmi celles-ci figurent la réhabilitation des figures politiques écartées comme Laurent Gbagbo, Tidjane Thiam et Guillaume Soro lui-même, la libération des détenus politiques, ainsi qu’une réforme profonde de la Commission électorale indépendante (CEI).
Selon l’ancien chef rebelle, il ne revient pas à l’opposition de "quémander" des conditions démocratiques, mais au régime d’en garantir le respect. Pour lui, "le dialogue n’est pas une faveur octroyée par le pouvoir, c’est un impératif démocratique". Il prévient que la CAP-CI porte une responsabilité historique : "incarner l’alternance ou se compromettre avec un régime contesté".