Le monde de la cacaoculture est en pleine ébullition ces dernières semaines. Sur les marchés mondiaux, le prix du cacao a augmenté de manière incroyable. Le prix de la tonne de fèves de cacao a dépassé les 10 000 dollars sur le marché international, ce qui donne une augmentation de plus de 130% en un an, un record. Au Cameroun, il coûte 5100 francs CFA le kilogramme. Pendant ce temps, en Côte d'Ivoire, le prix au kilo avoisine 1000 FCFA. Que se passe-t-il ?
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La Côte d'Ivoire et le Ghana représentent ensemble plus de 70% de la production mondiale. Mais ces pays ne bénéficient pas de cette flambée de prix. Cette disparité des prix a provoqué des tensions parmi les cultivateurs ivoiriens, incitant deux syndicats, le Synapci et l'Anaproci, à déposer un préavis de grève illimitée pour protester contre cette situation et réclamer des ajustements dans le système de régulation de la filière cacao.
Selon Philippe Chalmin, économiste et spécialiste des marchés des matières premières, cette flambée des cours du cacao s'explique principalement par une offre moins abondante que prévu, en raison notamment des conditions météorologiques défavorables dans certaines régions productrices. Cette rareté de l'offre a entraîné une augmentation des prix sur les marchés internationaux, engendrant des tensions dans la chaîne d'approvisionnement.
Une régulation du secteur demandée par les acteurs
En Côte d'Ivoire, le système de régulation de la filière cacao vise à garantir un prix minimum aux producteurs tout en protégeant les transformateurs locaux. Cependant, certains acteurs de la filière estiment que ce système désavantage les planteurs en limitant leurs possibilités de bénéficier pleinement de la hausse des prix sur le marché mondial.
Les syndicats de cultivateurs appellent donc à une révision du système de régulation et à l'instauration de mécanismes plus souples pour permettre aux planteurs de tirer profit des fluctuations des prix du cacao. Ils réclament notamment un réexamen du décret de 2012 qui encadre les conditions de vente du cacao en Côte d'Ivoire, ainsi qu'un dialogue renforcé avec les autorités pour trouver des solutions durables aux défis rencontrés par les producteurs.
Face à la pression croissante des planteurs, la direction du Conseil du café-cacao assure être disposée à dialoguer avec les représentants des producteurs. Cependant, aucune alternative au système actuel n'est encore envisagée, laissant planer un certain flou sur l'avenir de la régulation de la filière cacao en Côte d'Ivoire.
En somme, la hausse des prix du cacao sur les marchés mondiaux soulève des questions cruciales sur l'équité au sein de la filière cacao et la répartition des bénéfices entre ses différents acteurs. Tandis que les cours du cacao continuent d'augmenter, les planteurs ivoiriens réclament une réforme du système de régulation afin de garantir une rémunération équitable et une meilleure protection contre la volatilité des prix sur le marché mondial.