Une conception ambitieuse
La construction du palais présidentiel, réalisée en à peine plus d'un an, a mobilisé des architectes et des entreprises français. Le projet, qui a coûté plus de 1 % du PIB de la Côte d'Ivoire, a suscité des débats sur sa pertinence et sa moralité, surtout dans un pays encore largement sous-développé à l'époque.
Dès le début, le palais a été critiqué pour son opulence et son coût astronomique, mais il a également été vu comme un moyen de cimenter l'unité nationale et de doter la jeune nation de monuments dignes de ce nom. Comme l’a exprimé l’architecte Olivier-Clément Cacoub, l’Afrique, nouvelle et vierge, avait besoin de monuments pour marquer son entrée sur la scène internationale.
Un héritage contesté
Si le palais présidentiel a toujours été un objet de fierté pour la population ivoirienne, il n'a pas échappé à la critique historique. En effet, le projet a monopolisé une grande partie des crédits alloués à la construction de logements et de bâtiments administratifs prévus initialement, repoussant ces projets à plus tard ou les abandonnant complètement. La tour de 27 étages qui devait dominer le paysage urbain d’Abidjan, prévue dans les plans originaux, n’a jamais vu le jour, illustrant les priorités changeantes et les réalités économiques du moment.
Un coût estimé à 68 millions d'euros en valeur actuelle
Les diverses archives et publications de presse fournissent des chiffres variés, sans toujours préciser si les coûts liés à la décoration ou aux honoraires des architectes sont inclus. Selon OpenEdition Journals qui est une plateforme de revues en sciences humaines et sociales, on peut estimer que le coût total s'élève à 2,15 milliards de francs CFA, ce qui correspond à 43 millions de nouveaux francs (1 FRF = 50 F CFA). Selon l'INSEE, en tenant compte de l'inflation, ces 43 millions de francs de 1960 équivaudraient aujourd'hui à 68 millions d'euros.
De la gloire à la dégradation
Bien entretenu dans les années qui ont suivi son inauguration, le palais présidentiel a commencé à se dégrader dans les années 1980, alors que le centre du pouvoir se déplaçait progressivement vers Yamoussoukro, la nouvelle capitale. Les crises économiques et politiques ont accéléré cette détérioration, culminant avec la guerre civile de la fin de la présidence de Laurent Gbagbo. Transformé en bunker et endommagé lors des combats de 2011, le palais a subi de lourdes pertes.
La restauration et le renouveau
L'une des premières actions du président Alassane Ouattara après son accession au pouvoir a été de restaurer le palais, confirmant ainsi Abidjan comme centre névralgique du pouvoir ivoirien et réaffirmant l’héritage de Félix Houphouët-Boigny. Cette restauration n'était pas seulement une réparation physique, mais aussi un geste symbolique, soulignant l'importance continue de ce monument dans l'identité nationale.
Aujourd'hui, le palais présidentiel d'Abidjan reste un élément clé du patrimoine ivoirien, célébré davantage pour son rôle politique que pour ses qualités architecturales. C'est la résidence officielle du Président de la République de Côte d'Ivoire.