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Gabon : désormais, les candidats à l'élection doivent obligatoirement parler une langue locale

Le Gabon vient d’instaurer une règle inédite : pour prétendre à la magistrature suprême, il ne suffit plus d’être citoyen gabonais et de remplir les critères classiques d’éligibilité, il faut désormais parler au moins un dialecte local. Une exigence qui vise à renforcer le lien entre les dirigeants et la population, mais qui ne fait pas l’unanimité.
Gabon : désormais, les candidats à l'élection doivent obligatoirement parler une langue locale
Gabon : désormais, les candidats à l'élection doivent obligatoirement parler une langue locale

Une mesure issue du dialogue national

Le 12 avril prochain, les Gabonais se rendront aux urnes pour élire leur président parmi quatre candidats validés par la Cour constitutionnelle. Mais avant de pouvoir concourir, chacun d’eux a dû passer une évaluation linguistique menée par une commission d’experts sous l’égide du ministère de la Culture.  

Cette exigence, loin d’être anecdotique, découle des recommandations du dialogue national inclusif qui s’est tenu en mai dernier. Son objectif ? Encourager une meilleure communication entre les élus et les citoyens en valorisant les langues locales, qui sont plus d’une cinquantaine à être parlées dans le pays.  

Pour garantir le respect de cette nouvelle règle, une commission spécialisée a été mise en place afin d’évaluer les compétences linguistiques des candidats. Ces derniers ont ainsi été soumis à un examen oral visant à prouver leur capacité à s’exprimer dans la langue de leur choix.  

Selon le rapporteur général de la commission, cette évaluation a permis de s’assurer que les futurs dirigeants seraient capables de communiquer directement avec leurs concitoyens sans avoir à systématiquement recourir au français, langue officielle du pays.  

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Un critère qui divise

Si certains voient dans cette mesure une avancée culturelle et identitaire, d’autres y perçoivent une restriction injustifiée de l’accès à la fonction présidentielle.  

D’un côté, les partisans de cette réforme estiment qu’elle permettra d’éviter une fracture entre les élites politiques et la population, en favorisant des échanges plus fluides et plus proches des réalités locales. Ils considèrent également qu’il s’agit d’un levier important pour préserver et promouvoir les langues nationales, souvent reléguées au second plan face au français.  

De l’autre, les détracteurs dénoncent une barrière discriminatoire qui pourrait empêcher certains candidats de se présenter, notamment ceux issus de la diaspora ou ayant grandi dans un environnement où le français était la langue principale. Certains pointent également le risque d’une sélection politique déguisée sous prétexte de critères linguistiques.  

Le Gabon ouvre ainsi un débat sur la place des langues locales dans la gouvernance et la représentation politique.  



Aissatou Doumbia