Ce qui devait être une vidéo légère et divertissante est devenu l’une des affaires les plus choquantes du moment.
En Tanzanie, Jennifer Jovin, jeune influenceuse populaire sur TikTok, a été arrêtée après avoir publié une courte danse utilisant un son remixé reprenant la voix ou une imitation de la présidente Samia Suluhu Hassan.
Ce qui aurait pu être perçu comme une blague ou une parodie a été considéré par les autorités comme un acte de trahison. La jeune femme risque désormais la peine capitale, une perspective qui a fait réagir la communauté internationale.
Une vidéo virale devenue scandale politique
Jennifer Jovin, suivie par plusieurs dizaines de milliers d’abonnés, a partagé sur TikTok une chorégraphie au ton humoristique, sur un remix intitulé “Maandamano ya Nywi-nywi-nywi / Rais Samia”.
Le mot “maandamano” signifie “manifestations” en swahili un terme sensible dans un contexte politique où les rassemblements de rue restent étroitement surveillés.
La séquence, rapidement devenue virale, a été interprétée par les autorités comme une moquerie envers la présidente et une incitation à la désobéissance publique.
Quelques jours plus tard, la jeune femme a été interpellée à Dar es Salaam. Selon plusieurs sources locales, 21 autres personnes ayant participé à des vidéos similaires ont également été arrêtées, tandis que des dizaines d’autres créateurs seraient sous surveillance pour des “contenus irrespectueux”.
Une vidéo virale devenue scandale politique
Tout commence lorsque Jennifer Jovin publie une courte vidéo où elle exécute une chorégraphie sur un remix intitulé « Maandamano ya Nywi-nywi-nywi / Raïs Samia … ».
Le titre fait référence à la présidente Samia Suluhu et au mot swahili « Maandamano » (« manifestations »), très chargé politiquement dans un contexte post-électoral tendu.
La vidéo, rapidement devenue virale, a été vue des centaines de milliers de fois en Tanzanie. Pour beaucoup, elle n’était qu’un contenu humoristique. Mais pour les autorités, elle représentait une moquerie envers la présidence et une incitation au désordre public.
Arrestation et vague de répression numérique
Quelques jours après la diffusion, la police de Dar es Salaam a arrêté Jennifer Jovin et l’a présentée devant le tribunal résidant de Kisutu.
Selon plusieurs médias locaux et internationaux, 21 autres personnes créateurs de contenu, remixeurs et participants à des vidéos similaires ont également été arrêtées.
Des sources évoquent même plus de 200 jeunes Tanzaniens interrogés ou placés sous surveillance numérique pour des contenus jugés « irrespectueux envers la présidence ».
Cette vague d’arrestations massives a déclenché un tollé sur les réseaux sociaux, où de nombreux internautes dénoncent une tentative d’intimidation des créateurs de contenu.
Une législation répressive sur les “offenses au chef de l’État”
En Tanzanie, les propos jugés insultants ou subversifs envers le chef de l’État sont passibles de sanctions extrêmement lourdes.
Le Code pénal assimile certains de ces actes à de la trahison, un crime puni par la peine de mort même si cette dernière n’est plus appliquée depuis de nombreuses années.
Les autorités invoquent également la loi sur les cyber-infractions, adoptée en 2015, qui permet de poursuivre toute personne diffusant en ligne du contenu “portant atteinte à la réputation du gouvernement ou troublant l’ordre public”.
Pour les défenseurs des droits numériques, cette loi sert avant tout à intimider les voix critiques et à restreindre la liberté d’expression en ligne, notamment parmi la jeunesse tanzanienne très active sur TikTok et Instagram.
Une onde de choc mondiale et la présidente sous pression
L’idée qu’une influenceuse puisse risquer la mort pour une danse sur TikTok a provoqué une onde de choc internationale.
Les défenseurs des droits humains dénoncent un climat autoritaire grandissant, marqué par des arrestations arbitraires et une répression accrue de la liberté d’expression, déjà fortement restreinte dans le pays.
Bien que la Tanzanie n’ait pas exécuté de peine capitale depuis plusieurs décennies, les tribunaux continuent de prononcer des condamnations à mort, maintenant ainsi une pression constante sur les opposants et les voix critiques.
Le procès de Jennifer Jovin et de ses 21 coaccusés suscite de vives inquiétudes à l’échelle internationale. Pour les organisations de défense des droits humains, cette affaire illustre les dérives autoritaires d’un pouvoir qui n’hésite plus à criminaliser la parole numérique.
Le monde entier observe avec effroi ce procès qui pourrait devenir un symbole de la fragilité de la liberté d’expression en Afrique de l’Est.
Cette situation met également la présidente Samia Suluhu Hassan sous le feu des projecteurs. Première femme à la tête de la Tanzanie, elle était perçue comme une figure de rupture et d’apaisement. Aujourd’hui, son silence face à la controverse inquiète ses partisans et ses alliés internationaux.
Pour de nombreux observateurs, cette affaire marque un tournant : elle teste non seulement la solidité des institutions judiciaires tanzaniennes, mais aussi la crédibilité démocratique du pays tout entier. Sa mère, Mwanaisha Isaac, s’est adressée à la nation, en larmes et à genoux :
Je supplie pour le pardon de ma fille. Elle aime tellement la Présidente. Toute notre famille dépend d’elle.
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Elle implore la clémence, rappelant que sans sa fille, sa famille ne survivrait pas. Ce cri du cœur a bouleversé l’opinion publique et rappelé que derrière les accusations politiques, il y a des vies ordinaires suspendues à un verdict.
Au-delà de la Tanzanie, cette affaire illustre la fragilité de la liberté d’expression à l’ère numérique.
Les plateformes comme TikTok sont devenues des espaces d’expression culturelle et politique, mais aussi des terrains de tension pour les régimes craignant la satire ou la critique.
Jennifer Jovin, en postant une vidéo jugée “inappropriée”, s’est retrouvée au cœur d’un débat mondial sur la frontière entre humour et offense d’État.
Cette affaire interroge la place des jeunes, des femmes et des créateurs dans les sociétés africaines contemporaines : peuvent-ils s’exprimer librement sans craindre la répression ?
Alors que la justice tanzanienne s’apprête à juger l’influenceuse pour trahison, le monde entier a les yeux tournés vers Dodoma.
Le verdict ne dira pas seulement si une danse mérite la mort, mais aussi quelle valeur la Tanzanie accorde aujourd’hui à la liberté.


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