Guerre au Soudan: des cuisines communautaires pour s’entraider durant le ramadan

Au Soudan, malgré les appels à un cessez-le-feu pour le ramadan, les combats se poursuivent entre les forces armées du général Abdel Fattah al-Burhan et les paramilitaires du Général Mohammed Hamdan Dogolo dit « Hemedti ». Combats qui ont débuté le 15 avril 2023.

Dans la capitale Khartoum, les combats se sont même intensifiés la semaine dernière avec l’armée reprenant le contrôle des bâtiments de la radiotélévision soudanaise à Omdurman (le 12 mars).

Dans ces conditions, comment fêter le ramadan sous les bombes ? Alors que moins de 5% des Soudanais peuvent s'offrir un repas complet, affirme le Programme alimentaire mondial (PAM). Cette agence onusienne redoute désormais la plus grande crise de la faim au monde.

« Heureusement, il y a aussi de plus de gens à l’étranger qui donnent »

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Duaa habite un quartier Est de Khartoum. Elle est volontaire dans une cuisine communautaire. Chaque jour, avec d'autres habitants du quartier, elle prépare à manger pour ceux qui n'ont pas pu quitter la capitale. « Cette année, le ramadan est devenu une question de survie, affirme-t-elle au micro d'Alexandra Brangeon. Habituellement, en ce mois, les gens achètent beaucoup de choses à manger, beaucoup de sucreries, de décorations, de vêtements. Cette année, c'est totalement différent, les Soudanais n’ont pas d’argent. Mais, au final, cela les a rapprochés. Il n’y a plus de produits luxueux, plus de produits chers, nous sommes tout simplement focalisés sur avoir de quoi manger ».

Elle poursuit : « Nous n’avons plus accès à l’Internet depuis plusieurs semaines, donc les gens ne peuvent pas accéder à leur argent, ne peuvent plus recevoir de transfert d’argent depuis l'étranger. Tous les produits que nous avons, nous les partageons dans des cuisines communautaires. Dans le quartier où je vis, il y en a six, où nous préparons à manger tous ensemble. Nous avons une grande marmite, et ensuite nous distribuons à tous ceux qui ont besoin, surtout à ceux qui sont déplacés. Rien que dans ce quartier, nous avons 26 points de distributions. Les gens sont vraiment dépendants de ces cuisines communautaires pour pouvoir manger. »

Aujourd'hui, il en existe des dizaines à travers Khartoum. Des initiatives personnelles, bien souvent financées par la diaspora soudanaise, qui envoie des fonds via des applications par téléphone, explique Yusuf, un jeune Soudanais installé en Grande-Bretagne : « Il s’agit simplement de volontaires qui se sont rassemblés par quartier. Ils achètent en grosse quantité, tout ce qu'ils trouvent et qui n'est pas cher, des oignons, des lentilles, le préparent et le distribuent une fois par jour. Avec l’insécurité alimentaire, il y a de plus en plus d’initiatives de ce genre, et de gens à nourrir. Heureusement, il y a aussi de plus de gens à l’étranger qui donnent. » Il y a beaucoup d’entraide en ce moment, ajoute-t-il, car tout le monde est dans le même bateau.