Le 30 juin, le député de Koumassi, issu du parti du Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP), Yacouba Sangaré a déposé à l'assemblée nationale, une proposition de loi sur la polygamie. Pour lui, c'est illusoire de penser que la monogamie marche parce qu'elle est constamment violée. "Il faut mettre un terme à l’hypocrisie(…)La loi sur la monogamie n’a jamais été respectée. Elle est constamment violée. Alors, pourquoi se voiler la face sur une réalité que nul n’ignore" ?
Ces derniers jours, la polygamie, cette pratique ancestrale prisée en Afrique et finalement abolie avec la colonisation et ses nouvelles règles, a refait surface dans les discussions quotidiennes. La raison : un député a fait une proposition de loi sur la polygamie optionnelle à l'assemblée nationale. Des associations montent au créneau pour s'opposer à la proposition de loi sur la polygamie.
Lire Aussi
C'est accompagné de ses compères députés, Sidibé Daouda (député d’Abobo), Kangouté Mamadou Moctor (député de Bouna), Fidèle Dibi Bogro (député de Fresco) et Kia Diomandé (député de Man commune) qu'il a donné une conférence de presse donnée ce 9 juillet. Dans son contenu, il expliquait que l'entrée en vigueur de la monogamie dans le code civil de 1964, supprimant la polygamie n'a pas empêché cette pratique de se faire. Cette loi est inadaptée à notre société africaine et la Côte d'Ivoire n'est pas la seule, par ailleurs d'autres pays africains comme le Gabon, le Cameroun, l’Afrique du Sud, le Sénégal, le Mali, le Congo ou encore le Kenya l'ont consacrée dans leur législation.
Cette proposition de loi, ne fait pas l'unanimité. Des associations de défense des droits des femmes comme la Ligue ivoirienne s'est opposée à la loi. En effet, cette association a tenu un point de presse ce 11 juillet 2022 au Siège de Empow'Her Côte d'Ivoire sis à Abidjan-Marcory. Pour Constance Yaï, ancienne ministre des femmes de Côte d’Ivoire, le taux minoritaire des femmes dans les instances de décision crée des prises de décision axées sur le genre masculin et pourraient être considérées comme de la provocation.
"A moins qu'il ne s'agisse de plaisanterie de fort mauvais goût, ou d'un ballon d'essai, l’on est en droit de se demander si les propos entendus de la bouche du parlementaire ont juste pour objets de diviser la Côte d’Ivoire, de fragiliser la communauté nationale ou tout simplement de faire régresser notre arsenal juridique et les droits des femmes? "
Elle continue pour dire que cette proposition de loi, si elle est adaptée, elle violerait l'article 4 de la Constitution Ivoirienne de 2016, sur l'égalité de naissance des personnes, l'article 28 de ladite constitution sur le respect des droits de l’homme et les libertés publiques, l'article 2 de la Déclaration de Beijing sur la modification ou l'abrogation des lois discriminant les femmes.
La proposition de loi étant ainsi présentée, elle passera en commission pour analyse.
Ce qu'en pense les citoyens
Nous avons demandé l'avis de quelques ivoiriens. Certains y voient la légalisation de l'infidélité.