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Le pèlerinage secret du Sénégal à Grand-Bassam, par Cheikh Ahmadou Bamba M’Backé

Quand l’exil imposé à Cheikh Ahmadou Bamba M’Backé fit de Grand-Bassam une terre de mémoire et de pèlerinage pour des milliers de fidèles mourides.
Carte graphique de la ville historique de Grand Bassam
Carte graphique de la ville historique de Grand Bassam

Grand-Bassam, ancienne capitale de la Côte d’Ivoire et classée patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2012, n’est pas seulement un joyau historique. Elle est aussi un lieu de pèlerinage pour les Mourides, disciples de Cheikh Ahmadou Bamba M’Backé une des figures spirituelle majeure du Sénégal. Mais comment ce lien unique entre Bassam et la confrérie mouride est-il né ?

Qui était Cheikh Ahmadou Bamba M’Backé ?

Le pèlerinage secret du Sénégal à Grand-Bassam, par Cheikh Ahmadou Bamba M’Backé

Né en 1853 au Sénégal, Cheikh Ahmadou Bamba M’Backé, aussi appelé Serigne Touba, est reconnu comme l’un des plus grands guides spirituels de l’Afrique de l’Ouest. Fils de Cheikh Muhammad Habiboullah M’Backé et de Diaratou-Allâh Mariama Bousso, surnommée « Jarâtu-Allâh » en raison de sa piété, il fonde la confrérie mouride à la fin du XIXe siècle.

Le mouridisme repose sur trois piliers : la soumission à Dieu, le travail comme acte de foi et la résistance pacifique à l’oppression. Très tôt, Ahmadou Bamba attire des milliers de disciples grâce à son enseignement, ce qui inquiète l’administration coloniale française qui le perçoit comme une menace.

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L’exil forcé et l’escale en Côte d’Ivoire

En 1895, les autorités coloniales décident de l’exiler au Gabon afin d’affaiblir son influence. Le 3 octobre de cette année, le navire qui le transportait fit escale à Grand-Bassam pour une durée de vingt jours. Cet épisode, bien que bref, s’inscrira profondément dans la mémoire de ses disciples.

Ce séjour à Bassam ne fut pas anodin. La présence du Cheikh transforma symboliquement l’endroit en un espace sacré. C’est aussi durant cette période que le colonisateur en profita pour rechercher et capturer Kadjo Amangoua, le résistant abouré de Bonoua, marquant l’entrecroisement de deux histoires de résistance : celle du Sénégal et celle de la Côte d’Ivoire.

Le site devenu lieu de pèlerinage

L’endroit précis où Cheikh Ahmadou Bamba posa le pied était alors un quai maritime. Aujourd’hui, il est occupé par le Wharf Hôtel, qui conserve la mémoire de ce site chargé d’histoire. Même si les installations portuaires d’autrefois ont disparu, les fidèles continuent d’affluer sur ce lieu pour se purifier à travers des ablutions et pour prier. Le site est devenu un repère spirituel, au-delà d’un simple souvenir historique.

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Le Magal de Grand-Bassam : un hommage annuel

Pour immortaliser ce passage, les Mourides ont institué un Magal annuel, terme wolof signifiant « rendre hommage ». Depuis plus d’un siècle, le 3 octobre est marqué par la commémoration de cette escale à Bassam. Des milliers de fidèles venant du Sénégal, de la Côte d’Ivoire et d’ailleurs se rassemblent pour prier, chanter des khassaïdes (poèmes religieux composés par Ahmadou Bamba) et perpétuer sa mémoire. Cet événement rappelle le courage du Cheikh face à l’oppression, son attachement à la foi et son enseignement de patience et de dévotion.

Le pèlerinage secret du Sénégal à Grand-Bassam, par Cheikh Ahmadou Bamba M’Backé

Une mémoire partagée entre le Sénégal et la Côte d’Ivoire

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Le Magal de Bassam illustre la dimension transnationale de l’héritage de Cheikh Ahmadou Bamba. Pour les Sénégalais, ce pèlerinage est l’occasion de renouer avec l’histoire et de renforcer leur lien spirituel. Pour les Ivoiriens, il marque l’ancrage de Grand-Bassam dans un récit religieux qui dépasse les frontières.

Cette commémoration symbolise un pont culturel et spirituel entre deux peuples liés par leur histoire et leur foi.

Le pèlerinage de Cheikh Ahmadou Bamba M’Backé à Grand-Bassam, bien qu’issu d’un exil imposé par le colonisateur, est devenu une source d’inspiration pour des générations entières. Chaque année, le Magal de Bassam perpétue un héritage de résistance pacifique, de foi inébranlable et de fraternité.

De Touba au Sénégal jusqu’à Grand-Bassam en Côte d’Ivoire, l’itinéraire spirituel du Cheikh rappelle que la foi transcende les frontières et que la mémoire des grands hommes continue de faire vivre les communautés bien au-delà de leur époque.