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Le Karité : l’or des savanes en danger, entre richesse économique et héritage menacé.

Le karité, trésor millénaire des savanes africaines, nourrit, soigne et inspire depuis des siècles… mais aujourd’hui, il est en péril
Le beurre de Karité et ces graines
Le beurre de Karité et ces graines

Depuis des générations, le karité est bien plus qu’un arbre pour les populations d’Afrique de l’Ouest : c’est une source de vie, un symbole de résilience et un véritable patrimoine culturel et économique. Ses fruits nourrissent, son beurre soigne et protège, et ses racines tissent le lien entre les femmes, leurs familles et la terre. Pourtant, derrière cette richesse naturelle se cache une inquiétante réalité : la production de karité décline, les arbres anciens disparaissent et la survie de ce trésor africain est aujourd’hui menacée par la déforestation, l’urbanisation et l’exploitation non durable.
Dans cet article, nous plongeons au cœur de l’histoire, des bienfaits et des défis du karité, tout en explorant les initiatives qui tentent de le préserver pour les générations futures.

Un arbre emblématique d’Afrique de l’Ouest

Le Karité : l’or des savanes en danger, entre richesse économique et héritage menacé.

Le karité (Vitellaria paradoxa) pousse naturellement dans la zone soudano-sahélienne, qui s’étend du Sénégal au Soudan, en passant par le Mali, le Burkina Faso, le Ghana, le Bénin, le Nigeria, la Côte d’Ivoire et une partie du Togo.
C’est un arbre majestueux qui peut vivre plus de 200 ans. Il pousse lentement et ne commence à produire des fruits qu’après une vingtaine d’années.

En Côte d’Ivoire, on le trouve surtout dans le nord du pays, notamment dans les régions du Tchologo, du Poro, du Bounkani, du Gontougo et du Bafing.

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L’or des femmes africaines

Le beurre de karité est souvent appelé l’or des femmes car sa production repose en grande partie sur elles. Ce sont elles qui ramassent les fruits, en extraient les amandes et transforment ces dernières en un beurre onctueux et précieux. Riche en acides gras essentiels et en vitamines A, D, E et F, le beurre de karité est utilisé depuis des siècles pour :

  • La peau et les cheveux : hydrate, nourrit, protège du soleil et du vent.

  • La santé : soulage brûlures, irritations et gerçures.

  • L’alimentation : les fruits sont comestibles et l'huile du karité est même dans certains village, utilisé en cuisine, pour la friture ou comme huile de cuisson.

Le Karité : l’or des savanes en danger, entre richesse économique et héritage menacé.

Une ressource économique majeure

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Le karité est très demandé dans les industries cosmétiques et pharmaceutiques. La production africaine dépasse largement la consommation locale, avec une exportation importante vers l’Europe et l’Amérique du Nord.

Le Nigeria reste le premier producteur mondial en volume, mais d’autres pays jouent un rôle clé :

  • Côte d’Ivoire : environ 250 000 tonnes prévues pour la campagne 2025/2026, avec des mesures pour améliorer la performance et la qualité.

  • Ghana : mise sur la transformation locale pour ajouter de la valeur, avec des investissements pour relancer ses unités de production.

  • Mali et Burkina Faso : restent également des acteurs très majeurs de la filière. Chaque année, des milliers de femmes rurales tirent leur revenu du karité, certaines pouvant gagner jusqu’à 200 à 300 USD soit environ 131 000 et 196 500 f cfa par saison de récolte, un montant crucial dans ces régions.

    Mais la rareté croissante des arbres se fait aussi sentir sur les marchés locaux. Dans certaines régions en Côte D'Ivoire, le prix du kilo de beurre de karité a triplé : là où il coûtait 1 000 francs CFA, il se vend aujourd’hui autour de 3 000 francs CFA, rendant le produit moins accessible pour les ménages et les artisanes qui l’utilisent.
    Le marché mondial du beurre de karité était estimé à 2,78 milliards de dollars en 2024, et devrait atteindre 6,62 milliards de dollars d’ici 2035 selon Metatech Insights, reflétant l’essor constant de la demande à l’international.

Le Karité : l’or des savanes en danger, entre richesse économique et héritage menacé.

Une ressource en danger

Les femmes productrices constatent une réduction inquiétante de la production. Les causes principales :

  • Déforestation et urbanisation : beaucoup de terrains de karité ont été vendus pour construire des maisons.

  • Exploitation du bois et production de charbon.

  • Remplacement des forêts par des champs agricoles. Les vieux arbres disparaissent, et peu de jeunes karités sont plantés ou protégés.

    Résultat : les zones autrefois couvertes d’arbres de karité se vident peu à peu. Les arbres restants vieillissent, et peu de jeunes pousses survivent faute de protection. Si rien n’est fait, la production de beurre de karité risque de diminuer considérablement dans les prochaines années dans certaines régions.

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Un patrimoine à préserver

Protéger le karité, c’est préserver : un héritage culturel transmis de mère en fille, une source de revenus essentielle pour des milliers de femmes rurales, un écosystème vital pour la biodiversité. Des initiatives locales encouragent aujourd’hui la reforestation et la valorisation durable du karité : plantation de jeunes arbres, création de coopératives féminines, sensibilisation à la coupe raisonnée du bois, etc.

Le karité représente bien plus qu’un produit du terroir : il est à la fois une richesse économique, un lien social et un symbole spirituel. Dans certaines communautés, couper un karité sans raison reste un acte impensable, tant l’arbre incarne le respect de la nature et la sagesse ancestrale. Mais au-delà de sa valeur culturelle, le karité est aussi un levier économique majeur, qui fait vivre des milliers de familles et soutient l’autonomie financière des femmes rurales. Préserver le karité, c’est donc investir dans l’avenir : celui de nos terres, de nos traditions et d’une économie africaine durable.