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Le Parc national de Taï : le dernier souffle vert de l’Afrique de l’Ouest

Dernière grande forêt primaire d'Afrique de l'Ouest. Le Parc national de Taï est un trésor de biodiversité en Côte d'Ivoire. Un sanctuaire unique, mais menacé.
Le parc national du N'Taï
Le parc national du N'Taï

Niché dans le sud-ouest de la Côte d’Ivoire, le Parc national de Taï s’étend aujourd’hui sur près de 536 000 hectares (soit 5 360 km²). Autrefois, il couvrait environ 600 000 hectares : près de 64 000 hectares ont disparu en un demi-siècle, victimes de la déforestation, de l’agriculture et de l’urbanisation. Ce joyau écologique reste pourtant la plus vaste forêt primaire d’Afrique de l’Ouest, un fragment rare et précieux de la forêt tropicale qui couvrait autrefois toute la région.

Un havre de vie unique au monde

Classé Réserve de la Biosphère par l’UNESCO en 1978 puis Patrimoine mondial en 1982, Taï abrite une biodiversité d’une richesse inestimable :

  • Plus de 1 300 espèces de plantes, dont certaines endémiques et utilisées dans la médecine traditionnelle.

  • Près de 140 espèces de mammifères, parmi lesquelles l’hippopotame pygmée, le céphalophe de Jentink et le colobe rouge de Miss Waldron, probablement éteint depuis 1978.

  • Plus de 250 espèces d’oiseaux, ainsi qu’une grande diversité de reptiles, d’amphibiens et d’insectes.

Taï est aussi un paradis pour les primates : plus de dix espèces de singes y cohabitent. Les chimpanzés du parc sont célèbres dans le monde scientifique pour leur « culture » : ils utilisent des pierres comme outils pour casser des noix, un comportement transmis socialement, unique à ce groupe.

Cet héritage n’est pas seulement biologique, mais aussi culturel. Pour les Kroumen et les Guéré, peuples vivant en périphérie du parc, la forêt est sacrée. Elle abrite des esprits protecteurs, des plantes médicinales et des lieux de rituels. Préserver Taï, c’est aussi protéger une mémoire ancestrale.

Un équilibre fragile face aux pressions humaines

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2025-10-08T19:36:15+00:00
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Deux mains tendues, tenant délicatement une petite plante qui pousse au centre d'un globe terrestre.
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Malgré son statut protégé, le parc reste sous tension. Plusieurs menaces pèsent sur cet écosystème fragile :

  • Le braconnage, motivé par la viande de brousse et le commerce illégal d’espèces protégées, continue d’appauvrir la faune.

  • L’empiètement agricole, notamment lié à la culture du cacao, grignote les marges du parc.

  • L’exploitation illégale du bois et de l’or alimente la dégradation des zones périphériques.

  • L’évolution urbaine rapide dans les localités voisines fragmente les habitats naturels et perturbe les corridors écologiques.

  • Le changement climatique modifie les régimes de pluies et menace la stabilité des écosystèmes tropicaux.

Des lueurs d’espoir et des actions

Face à ces défis, la Côte d’Ivoire et ses partenaires redoublent d’efforts.

  • L’Office Ivoirien des Parcs et Réserves (OIPR), en collaboration avec des organisations telles que la Wild Chimpanzee Foundation (WCF), intensifie les patrouilles anti-braconnage et la recherche scientifique.

  • Le programme MIKES+ (Minimiser l’abattage illégal des éléphants et d'autres espèces menacées), issu de la CITES-MIKE, renforce la surveillance et la lutte contre la fraude pour protéger les éléphants et d’autres mammifères emblématiques du parc.

  • Des projets communautaires encouragent l’apiculture, l’agroforesterie ou le tourisme écologique, offrant des revenus alternatifs aux populations riveraines.

  • Les stations de recherche, comme celle fondée par le Dr Christophe Boesch, continuent d’attirer scientifiques et étudiants du monde entier, faisant de Taï un laboratoire vivant de la biodiversité africaine.

Un voyage au cœur de la nature

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Visiter le Parc national de Taï, c’est vivre une expérience brute et authentique. Pas de safari en véhicule, mais des randonnées à pied, au cœur d’une forêt dense, accompagnées de guides locaux passionnés. On y entend les cris des chimpanzés, le frémissement des feuilles géantes, le chant des calaos… une immersion totale dans la vie sauvage.

Un patrimoine à défendre coûte que coûte

Le Parc national de Taï est bien plus qu’une forêt : c’est un symbole de résistance écologique et culturelle. Il témoigne de ce que l’Afrique de l’Ouest a de plus précieux : une nature encore debout, un peuple enraciné et un espoir tenace. Préserver Taï, c’est défendre la mémoire du vivant un héritage que la Côte d’Ivoire offre au monde.