Depuis l'accession à l'indépendance en 1960, la Côte d'Ivoire a connu une transformation profonde de son paysage urbain, marquée par la modernisation rapide des infrastructures, notamment dans le secteur résidentiel.
L'urbanisation, alimentée par une croissance économique soutenue, a propulsé le pays dans une dynamique de construction de bâtiments résidentiels, avec Abidjan en tête de cette évolution.
Le contexte post-indépendance et la nécessité de modernisation urbaine
À l’indépendance en 1960, la Côte d'Ivoire était encore largement rurale, mais la capitale économique, Abidjan, avait déjà amorcé un processus d'industrialisation et de modernisation. L’arrivée au pouvoir de Félix Houphouët-Boigny a marqué le début d’un vaste projet de développement économique et urbain. Ce dernier, conscient des enjeux d’une urbanisation rapide, a initié des politiques visant à répondre à l’afflux massif de la population vers les centres urbains, principalement Abidjan, en raison de la croissance économique alimentée par les secteurs de l'agriculture et de l'industrie.
Avec la modernisation, l'État ivoirien a mis en place une série d'initiatives pour adapter l’urbanisme et les infrastructures aux nouvelles exigences démographiques, tout en cherchant à maintenir un équilibre entre le développement économique et le bien-être de la population. La construction de bâtiments résidentiels est devenue un pilier de cette modernisation.

L'essor de la construction résidentielle à Abidjan : Un nouveau visage pour la ville
Abidjan, en particulier, a vécu une expansion phénoménale durant les premières décennies suivant l’indépendance. Dès les années 1960, la capitale ivoirienne est devenue un véritable laboratoire de la modernité, symbolisant les ambitions du pays. Le développement de nouveaux quartiers, comme Cocody, Marcory, Treichville, et le Plateau, a été au cœur de cette transformation. Ces zones ont vu apparaître des bâtiments résidentiels variés, allant des immeubles d'habitation aux villas cossues, en passant par des logements sociaux destinés à une population croissante.
Le quartier du Plateau, qui abritait le centre administratif et économique de la ville, s'est affirmé comme un véritable pôle de modernité, avec la construction de gratte-ciel et de tours modernes qui dominaient le paysage urbain. Ce quartier est devenu le symbole de la nouvelle Côte d'Ivoire, un pays en pleine effervescence économique.
Des quartiers comme Treichville et Marcory ont été conçus pour accueillir des logements pour les classes moyennes, tandis que des projets plus vastes ont vu le jour pour répondre aux besoins en logements sociaux. Le gouvernement ivoirien a mis en place des programmes de construction massive de logements sociaux pour faire face à la demande grandissante, créant ainsi des complexes résidentiels pour les travailleurs et les familles issues de l'immigration rurale.
Les défis de l’urbanisation et les réactions des autorités
Malgré ces avancées, la croissance rapide de la population urbaine a mis à mal les capacités du secteur résidentiel. À partir des années 1970, la demande de logements a largement dépassé l’offre disponible. Ce phénomène a généré la prolifération de quartiers précaires et d’habitat informel, notamment dans des zones comme Yopougon, Abobo, ou encore Adjamé. Ces zones, souvent caractérisées par un urbanisme anarchique, ont connu une construction spontanée de logements dans des conditions précaires, sans accès à des infrastructures modernes.
Face à cette situation, l’État ivoirien a cherché des solutions pour améliorer les conditions de vie dans ces quartiers, notamment par la mise en place du Fonds de Soutien à l'Habitat (FSH) dans les années 1980, destiné à financer la construction de logements accessibles aux populations les plus vulnérables. En parallèle, des initiatives privées et des partenariats public-privé ont été mis en place pour développer des projets immobiliers plus modernes et mieux adaptés à la demande urbaine.

Le rôle de l'architecture et des matériaux dans la construction résidentielle
L'architecture des bâtiments résidentiels en Côte d'Ivoire a également évolué au fil du temps, avec une influence notable des styles architecturaux européens et occidentaux. Dans les années 1960 et 1970, les architectes ont privilégié des constructions fonctionnelles et modernes, inspirées par les styles internationaux. Les matériaux de construction ont évolué avec l’introduction de nouveaux matériaux comme le béton, l’acier et le verre, qui ont permis la construction de bâtiments plus hauts et plus solides.
Les villas de luxe, qui se sont multipliées dans des quartiers comme Cocody ou le Plateau, témoignent de l’influence de l’architecture moderne, tandis que les logements sociaux ont été conçus dans un souci d'efficacité et de rapidité de construction. Cependant, le manque d'une planification urbaine cohérente dans les années 1970-1980 a conduit à des situations d'urbanisation incontrôlées, avec des constructions précaires qui ont compromis la qualité du cadre de vie pour de nombreuses familles.
L’évolution récente : Une vision durable pour l'avenir
Au fil des années, la Côte d'Ivoire a pris conscience des enjeux liés à l'urbanisation rapide et à la nécessité de construire des villes plus durables. Le pays a donc amorcé, depuis les années 2000, un processus de modernisation du secteur immobilier en y intégrant une dimension environnementale et durable. Des projets immobiliers plus ambitieux ont émergé, notamment dans des zones périphériques d'Abidjan, et des initiatives ont été prises pour intégrer des infrastructures modernes telles que l'eau, l'électricité, et les réseaux de transport dans les nouveaux quartiers résidentiels.
Les projets comme "La Cité des Arts" ou "Le Plateau 2020", qui mêlent habitat et espaces verts, visent à répondre aux besoins croissants en logements tout en respectant les principes de développement durable. Le gouvernement continue de favoriser l’accès à des logements décents à travers des politiques de financement et de partenariats avec des investisseurs privés.

Les constructions résidentielles en Côte d'Ivoire après l'indépendance illustrent le dynamisme et la résilience du pays face aux défis de l’urbanisation. De la construction de quartiers modernes à la gestion des défis de l’habitat informel, le secteur résidentiel ivoirien a traversé plusieurs phases de transformation.
Article de Gogui Azia, Culture Lovers 2025