L'aventure 46 ou les grandes familles de Côte d'Ivoire

Sélectionnés parmi les meilleurs élèves du primaire et du secondaire, ainsi que des écoles professionnelles de Côte d'Ivoire, ces jeunes, accompagnés de 13 filles courageuses, furent rassemblés à Abidjan en septembre 1946 en vue de leur départ vers la France. Cependant, leur périple fut retardé en raison de l'opposition de l'administration coloniale. Ce n'est qu'après l'intervention du Gouverneur André Latrille que le voyage put finalement avoir lieu le 22 octobre 1946, à bord de la frégate F707 de la marine nationale française, baptisée "Frégate l’Aventure".

Arrivés à Marseille le 8 novembre 1946, ces jeunes étudiants furent accueillis chaleureusement et répartis dans différents lycées français. Malgré les défis de l'adaptation à un nouvel environnement, ils firent preuve d'une remarquable résilience. Pendant les congés scolaires, ils furent hébergés par des familles françaises et participèrent à des colonies de vacances organisées par le ministère de la France d'Outre-Mer.

L'impact de cette initiative fut immense. Non seulement elle permit à ces jeunes ivoiriens de recevoir une éducation de qualité, mais elle inspira également d'autres pays africains à suivre cet exemple. De plus, elle incita les familles africaines à prendre en charge le séjour de leurs enfants étudiant en France.

Le bilan

L'association des Compagnons de l'aventure de 1946, bien qu'elle n'ait pas de bilan officiel, a pu identifier de nombreux diplômés dans divers domaines tels que le droit, la littérature, la médecine, et l'ingénierie. On dénombre 33 diplômés d'études juridiques, 14 d'études littéraires, 21 d'études médicales, 11 ingénieurs. Parmi eux, des personnalités notables telles que Jean Konan Banny, Ernest Boka, premier ministre de l’éducation nationale, Bernard Dadié, Seydou Diarra, Barthélémy Kotchy, Gervais Coffie, Dr. Philippe Cowppli-Bony Auguste, Jean-Baptiste Pango, Joseph Aka Anghui, Bissouma Tapet Alphonse, Laubet Daubrey. Marie-Thérèse Houphouët, épouse de Houphouët Boigny a été de la première promotion mais n'a pas pu terminer son parcours en raison d'une incompréhension avec la directrice de son établissement.

L'expérience des Compagnons de 1946 ne se limita pas à son impact immédiat. Elle joua un rôle crucial dans l'histoire de l'éducation en Côte d'Ivoire et laissa un héritage durable en influençant d'autres initiatives éducatives à travers l'Afrique. Elle symbolise la détermination et la vision d'un homme qui, bien avant d'accéder à la présidence, œuvra pour l'éducation et l'émancipation de son peuple.