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Le Magal de Touba, bien plus qu'une fête religieuse, est un soft power pour le Sénégal

Le Magal de Touba, bien plus qu'une fête religieuse, est un soft power pour le Sénégal/@Junior Fieni
Le Magal de Touba, bien plus qu'une fête religieuse, est un soft power pour le Sénégal/@Junior Fieni

Avez-vous déjà entendu parler de la fête de Magal ? Si vous êtes mourides ou côtoyez un mouride, cette expression fait partie de leur vocabulaire. Aujourd'hui le Magal c'est plus qu'une célébration mais une identité culturelle pour le Sénégal. Ce 13 août, c'est la grande fête du Magal au Sénégal mais aussi en Côte d'Ivoire, dans les communautés sénégalaises.

L'origine de la fête de Magal

Le Magal de Touba est célébré chaque année lors du 18 Safar du calendrier hégirien, une date qui coïncide cette année avec le mercredi 13 août 2025. Cette fête religieuse rend hommage à Cheikh Ahmadou Bamba, une figure centrale du soufisme au Sénégal, qui fut arrêté par l'administration coloniale française en 1895 et déporté à l'île de Gorée, dans l'actuel Gabon. Cependant, pour les mourides, son exil n'est pas perçu comme une punition, mais plutôt comme une ascension spirituelle, une épreuve qui a renforcé leur foi.

Le terme "Magal", qui signifie "célébration" ou "rendre hommage" en wolof, incarne cette commémoration annuelle, durant laquelle des centaines de milliers de pèlerins se rendent à Touba, une ville qu'Ahmadou Bamba a fondée en 1888. Aujourd'hui, la ville abrite la grande mosquée de Touba, ainsi que le mausolée du Cheikh, où il repose depuis sa mort en 1927. Ce pèlerinage attire des millions de visiteurs venus non seulement du Sénégal, mais aussi de l’étranger, faisant de cet événement un moment de ferveur spirituelle et de solidarité entre musulmans.

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Le rôle de Cheikh Ahmadou Bamba et du soufisme

Cheikh Ahmadou Bamba, né en 1853, est reconnu pour avoir fondé la confrérie mouride, un mouvement soufi qui place l'importance du travail et de la dévotion à Dieu au cœur de sa pratique religieuse. L'enseignement d'Ahmadou Bamba repose sur la discipline, le respect et l’engagement envers Dieu, avec un accent particulier sur l'élévation spirituelle par le travail quotidien.

Cela se reflète dans les valeurs fondamentales du mouridisme, qui prône le pacifisme, la persévérance et le dévouement envers les autres. À travers ses récitations, ses poèmes mystiques et ses enseignements, Cheikh Ahmadou Bamba a non seulement résisté pacifiquement à la colonisation, mais a aussi instauré une doctrine d’un islam profondément ancré dans la réalité sociale et économique du Sénégal.

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Touba : Un centre spirituel et culturel puissant

Touba n’est pas seulement un lieu de pèlerinage, c’est également un centre spirituel et culturel qui a façonné la société sénégalaise moderne. Les mourides ont créé une communauté soudée autour de la ville, et leur influence dépasse largement les frontières religieuses.

Touba, qui fonctionne selon un modèle particulier où l’autorité spirituelle prime sur les structures administratives classiques, est aujourd'hui un symbole de prospérité et de paix. La ville est régie par la figure du khalife général, un descendant direct de Cheikh Ahmadou Bamba, qui incarne l'autorité spirituelle et morale de la confrérie. Le khalife actuel, Serigne Mountakha Bassirou Mbacké, joue un rôle crucial, non seulement en tant que guide religieux, mais aussi en tant qu'acteur politique dans le pays. Son influence est considérable, et il joue un rôle important dans la médiation des tensions politiques au Sénégal.

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La dimension politique et sociale du Magal

Le Magal de Touba ne se limite pas à une simple célébration religieuse. L'événement possède également une forte dimension politique et sociale. La présence des autorités politiques, y compris les partis rivaux, lors des cérémonies, témoigne de l'importance stratégique de la confrérie mouride dans la gestion des affaires nationales.

Lors de la crise politique de 2023, la confrérie mouride a joué un rôle clé en apaisant les tensions entre les partisans de Macky Sall et ceux d'Ousmane Sonko. Sur l’initiative de Serigne Mountakha Mbacké, le calife des mourides a rencontré Ousmane Sonko en grève de la faim, l'encourageant à arrêter son action afin d'éviter de diviser encore plus la jeunesse sénégalaise. Cet acte de médiation a permis de réduire les tensions et d'éviter une confrontation violente dans les rues de Dakar.