Quand les jeunes embrassent la culture pop mondiale : mangas, K‑dramas et K‑pop en Afrique

Depuis quelques années, la culture populaire asiatique en particulier sud-coréenne et japonaise s’impose comme une tendance majeure chez les jeunes Africains. En Côte d’Ivoire, cette passion se traduit par une multiplication d’événements dédiés à la K-pop, aux mangas et aux dramas. Ce phénomène, porté par Internet et les réseaux sociaux, dépasse le simple divertissement : il influence les goûts, les valeurs et les modes de vie d’une génération ouverte sur le monde, mais toujours fière de son identité africaine.

1. La K-pop : un phénomène qui dépasse la musique

La K-pop, avec ses chorégraphies millimétrées et ses artistes charismatiques, a conquis les cœurs des jeunes Africains. En Côte d’Ivoire, plusieurs événements célèbrent cette culture coréenne :

• La Journée Culturelle Coréenne 2025 organisée au Centre Sportif, Culturel et des TIC Ivoiro-Coréen Alassane Ouattara (CSCTICAO) à Abidjan, a réuni des centaines de jeunes autour de spectacles de danse K-pop, de démonstrations de Taekwondo et d’ateliers culturels.

• L’Ambassade de Corée en Côte d’Ivoire a également lancé les sélections nationales du K-pop World Festival, un concours international qui permet aux jeunes chanteurs et danseurs ivoiriens de représenter leur pays en finale mondiale.

• Des K-pop Dance Cover Contests se multiplient dans les écoles, les universités et même les centres commerciaux d’Abidjan. Ces compétitions, souvent organisées par des associations locales comme K-Pop Ivory, attirent des jeunes de tout le pays venus imiter leurs idoles ou créer leurs propres chorégraphies.

Dans d’autres pays africains, comme le Sénégal, le Maroc ou le Nigeria, les festivals de K-pop connaissent également un fort engouement. À Dakar, le K-pop Africa Festival a rassemblé en 2024 plus de 2 000 fans autour de spectacles, d’ateliers linguistiques et de concours de danse. Ces événements montrent que la K-pop est devenue un outil d’union culturelle et d’expression artistique à l’échelle du continent.

2. Les K-dramas : des récits qui séduisent et inspirent

Les séries télévisées coréennes, ou K-dramas, fascinent un public jeune et majoritairement féminin. Les histoires romantiques, les valeurs familiales et les esthétiques raffinées séduisent un grand nombre de spectateurs africains.

En Côte d’Ivoire, plusieurs initiatives permettent de partager cette passion :

• L’Institut King Sejong d’Abidjan a célébré la Journée du Hangeul (alphabet coréen) avec des projections de dramas, des ateliers de langue et des démonstrations culturelles.

• Des petits clubs organisent régulièrement des soirées de visionnage collectif dans des cafés, chez eux à la maison.

Ces initiatives transforment la simple consommation de séries en une expérience collective et éducative : les jeunes apprennent la langue coréenne, découvrent la gastronomie du pays et échangent sur des valeurs communes.

3. Mangas et animes : un univers créatif et identitaire

Les mangas et les animes japonais séduisent également un large public africain. En Côte d’Ivoire, des festivals comme le Abidjan Manga Festival et le Abidjan Game Expo attirent chaque année des milliers de fans passionnés de culture japonaise. Ces événements proposent des concours de cosplay, des tournois de jeux vidéo et des expositions d’illustrations inspirées de séries cultes comme Naruto, One Piece ou Attack on Titan.

En 2023, la Japan Pop Culture Day à Abidjan a rassemblé des jeunes créateurs ivoiriens autour d’ateliers de dessin manga, de projections d’anime et de conférences sur la création numérique. Ces événements démontrent que les mangas ne sont plus de simples lectures, mais de véritables sources d’inspiration artistique et identitaire.

Dans d’autres pays africains, des festivals similaires comme le Senegal Manga Show ou le Kinshasa Otaku Festival témoignent de la vitalité de cette culture sur le continent.

4. Une tendance culturelle aux multiples impacts

Cette vague culturelle ne se limite pas au divertissement. Elle influence profondément la jeunesse africaine :

• Sur le plan artistique, elle inspire la création de contenus locaux (clips, fan-arts, vidéos TikTok, mode).

• Sur le plan social, elle renforce le sentiment d’appartenance à des communautés globales de fans.

• Sur le plan éducatif, elle pousse à l’apprentissage de nouvelles langues et à l’ouverture sur d’autres cultures.

Cependant, cette influence soulève aussi des interrogations sur la préservation des identités locales et la dépendance aux modèles étrangers. Certains jeunes artistes africains s’approprient toutefois ces influences pour créer des œuvres hybrides, mêlant culture asiatique et esthétique africaine.

De Séoul à Abidjan, la culture pop asiatique s’invite dans le quotidien de la jeunesse africaine. En Côte d’Ivoire, elle devient un moteur d’expression, d’échange et d’innovation. Mangas, K-dramas et K-pop ne sont plus de simples divertissements : ils traduisent la capacité des jeunes Africains à s’approprier le monde et à créer des ponts culturels inédits.