À l’approche de la présidentielle de 2025, la tension monte en Côte d’Ivoire. Après la marche interdite par le Préfet d'Abidjan du 11 octobre organisée par le Front commun PPA-CI–PDCI-RDA, la répression a été sévère : 237 personnes interpellées dans la journée du 11 octobre, dont plusieurs femmes. Face à cette situation, Tidjane Thiam, président du PDCI-RDA, est sorti du silence. Dans un communiqué paru le 13 octobre, puis dans une interview diffusée sur les réseaux sociaux, il dénonce la répression, salue la résilience des manifestants pacifiques et appelle au retour du dialogue et des valeurs démocratiques.
Un communiqué pour condamner la répression
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Dans son communiqué du 13 octobre, Tidjane Thiam condamne avec fermeté “les violences et les abus” commis lors de la marche du front commun. Il y exprime sa solidarité envers les victimes, mais aussi son admiration pour ceux qui ont choisi la voie pacifique malgré les intimidations.
Je salue le courage et la dignité de ceux qui ont dû affronter intimidation et abus de pouvoir”, écrit-il. “La force réside dans la maîtrise de soi, et non dans la brutalité.”
Le président du PDCI y adresse également un mot de soutien à plusieurs figures politiques interpellées, dont Noël Akossi Bendjo, Danon Djédjé, et Pascal Affi N’Guessan, ainsi qu’à toutes celles et ceux qui, selon lui, incarnent “la résistance pacifique face à la peur et à la répression”.
Ce que nous voyons, ce sont des bastonnades et des arrestations
Dans une interview accordée peu après, Tidjane Thiam est allé plus loin. Le ton est grave, mais maîtrisé. “Le moral est bon, même si je suis attristé par les événements récents dans notre pays”, confie-t-il d’emblée.
Nous pensions qu’en 2025, nous serions en plein débat d’idées. Ce que nous voyons aujourd’hui, ce sont des bastonnades, des affrontements, des arrestations, le recours à la violence. Toutes choses que nous réprouvons profondément.”
L’ancien ministre et banquier international a également exprimé sa préoccupation pour les militantes arrêtées, notamment Djenébas Oumarou et Assata Chérif.
“Assata Chérif a été arrêtée pour avoir simplement parlé à la presse étrangère. Ce n’est pas ce que nous souhaitons voir en Côte d’Ivoire”, a-t-il déploré.
Une contradiction flagrante avec le discours officiel
Pour le président du PDCI, cette répression met en lumière une incohérence entre le discours du gouvernement et la réalité sur le terrain.
On nous dit que tout va bien, que la Côte d’Ivoire est un modèle de stabilité. Alors pourquoi interdire les manifestations ? Pourquoi mobiliser 44 000 membres des forces de l’ordre si tout est sous contrôle ? Les deux ne peuvent pas être vraies en même temps.”
Selon lui, la décision d’interdire les rassemblements pacifiques “crée un climat de peur et nuit à l’image du pays à l’international”. “Ces scènes de répression alimentent les préjugés de ceux qui voient l’Afrique comme le continent du désordre. Je le regrette profondément”, a-t-il ajouté dans son interview.
“L’oufouettisme, ce n’est pas un mot, c’est un comportement”
Réagissant aux références récurrentes au “rassemblement des houphouëtistes”, Thiam a dénoncé une instrumentalisation du nom du père fondateur.
“L’oufouettisme, je le cherche, je ne le vois pas. L’oufouettisme, c’est le dialogue, la paix, la non-violence. Ce n’est pas un mot qu’on prononce devant une tombe, c’est un comportement qu’on incarne.”
Il a rappelé que Félix Houphouët-Boigny avait accepté, dès 1990, que ses opposants se présentent contre lui, un acte de courage politique que devraient, selon lui, méditer les dirigeants actuels.
Malgré ce climat tendu, Tidjane Thiam reste optimiste.
Ce n’est pas ma petite personne qui est importante. Ce qui compte, c’est l’espoir. L’espoir, c’est comme l’oxygène, indispensable à la vie humaine.
Dans un pays qu’il veut voir “de paix, de justice indépendante et de gouvernance équitable”, le président du PDCI réaffirme sa conviction :
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Cette Côte d’Ivoire est possible. Non seulement elle est possible, mais elle sera.