La Côte d'Ivoire s'affirme comme un leader en matière de liberté de la presse en Afrique, se positionnant à la 7e place sur le continent et 53e dans le monde. Ce classement, établi par des organismes internationaux de défense de la liberté de presse dont Reporters Sans Frontières, reflète les progrès significatifs réalisés par le pays dans ce domaine au cours des dernières années. Voici le cas de la Côte d'Ivoire.
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Selon Reporters Sans Frontières, la Côte d'Ivoire, malgré ses avancées en matière de liberté de la presse, demeure marquée par un paysage médiatique très politisé et polarisé. Les journalistes sont souvent confrontés à des convocations judiciaires, des agressions et des suspensions de journaux. Avec environ 190 stations de radio autorisées, la radio reste le média de prédilection des Ivoiriens. Cependant, la centaine de journaux et de sites d'information est fortement influencée politiquement, identifiable par la couleur des titres : "verte" pour les pro-gouvernement et "bleu" pour les pro-opposition. Les journaux d'opposition ont décliné ces dernières années, bien que des journaux comme "Le Temps" et "La Voie" continuent de paraître, malgré des suspensions et des difficultés financières.
Prédominance du journalisme d'opinion
Le journalisme d'investigation est rare, laissant place à un journalisme d'opinion prédominant. En 2019, l'arrivée de chaînes de télévision privées a mis fin au monopole de la Radiodiffusion télévision ivoirienne (RTI), bien que ces nouvelles chaînes soient détenues par des proches du pouvoir. La RTI, média d’État, sert principalement à promouvoir le gouvernement et le président. Bien que la loi de 2017 garantisse la liberté d'expression et protège les sources d'information, elle maintient le délit d'offense au président. L’Autorité nationale de la presse (ANP) et la Haute Autorité de la communication audiovisuelle (HACA) régulent les médias, avec des pouvoirs de suspension.
Des problèmes économiques
Les ventes de journaux sont en baisse, et les rédactions se réduisent. Certains journaux nationaux, autrefois tirés à des dizaines de milliers d'exemplaires, peinent aujourd'hui à atteindre les 2 000 ventes par jour. L'Éléphant déchaîné a cessé sa version papier en 2021 pour se concentrer sur le numérique. Les chaînes de télévision privées dépendent principalement des revenus publicitaires, insuffisants pour couvrir leurs coûts.
Les journalistes, face à des menaces de corruption
Les journalistes, notamment ceux d'investigation, font face à des menaces de corruption, d'intimidation, et parfois d'arrestations. Les rédactions peuvent aussi être attaquées, créant un climat de sécurité précaire pour les professionnels des médias.
En somme, bien que la Côte d'Ivoire ait fait des progrès notables en matière de liberté de la presse, elle reste confrontée à de nombreux défis liés à la politisation des médias, aux pressions économiques et à la sécurité des journalistes.