Le groupe de zouglou Révolution donne naissance à un nouveau genre musical

Si vous êtes ivoiriens ou que vous vivez en Côte d'Ivoire, vous avez certainement déjà entendu cette chanson. Elle a été reprise à la télé, à la radio, dans les night-clubs... Et si TikTok existait à cette époque, cette chanson allait être un beau challenge repris. à l’origine de cette mélodie, un groupe : Révolution, classé généralement dans la catégorie Zouglou même si ce quatuor fait bien plus que du zouglou classique.

Le zouglou, un genre musical satirique

Le Zouglou, ce genre musical ivoirien créé par Bilé Didier et ses amis dans les années 90, a toujours été satirique. Sa vocation première était d’ailleurs de chanter la misère des étudiants à la base.

"Ainsi, dans la chanson baptisée “Gboglo Koffi”, Les parents du campus reprennent les revendications estudiantines. Il s’agit d’une apostrophe au président Houphouët-Boigny. Les demandes portent principalement sur l'hébergement, l'alimentation, l’absence de bus… En 1991, le zouglou est donc une musique de revendication sociale" dixit Germain-Arsène Kadi, professeur de littérature comparée à l'université Alassane Ouattara de Bouaké et spécialiste des cultures urbaines dans les lignes de TV5 Monde.

Puis au fil du temps, c’est devenu commercial. Et on a vu passer des chanteurs et des groupes talentueux comme Fitini, Les Garagistes, les Poussins chocs et le mythique groupe Magic System, Petit Dénis aux titres évocateurs comme l’école ivoirienne, kouyou (chanson reprise par Gims), 1er gaou, asec kotoko…

Aujourd’hui, la nouvelle génération de chanteurs zouglou, appelés zouglouman, a intégré plus de modernité dans les sonorités et même dans les textes, sans pour autant déroger pas à la mission initiale de ce genre.

Révolution et leur musique innovante

En 2009 naît le groupe Révolution dit "Revo Revo" composé de Prométhée, Isso, Saï Saï et Zokora et comme le nom de leur groupe l’indique, ils se sont donné pour mission de révolutionner l’univers musical zouglou. De leur premier album Réveil au dernier la boîte automatique, ils ont toujours su vendre différemment le zouglou. À les écouter, on se retrouve dans un univers mi coupé-décalé, mi zouglou.

Des titres comme "prisonnier", "je bois plus" ou "dosez bien" ont fait danser la Côte d'Ivoire. Toute cette innovation leur vaut le Kundé du meilleur artiste d’Afrique de l’ouest, deux grands concerts au palais de la culture d’Abidjan et des tournées partout dans le monde. Comme le dit Franck Govoei, présentateur de la télévision ivoirienne lors d’une émission "Chacun de leurs retours est frappé par le sceau du succès, de vrais récidivistes en matière de hit"

"Tu ne vas pas revêtir la veste de guerre de ton père et te faire les mêmes ennemis que lui parce que tu as juste envie d’hériter"

Prométhée confie à RFI musique que le groupe veut plus que le zouglou soit plus populaire. Il déplore l’absence du genre dans les mariages ou les anniversaires en raison des paroles trop souvent axées sur les galères, la cherté de la vie, le chômage. C'est donc à juste titre que leur musique est plus dansante.

Depuis une décennie, ils nous font vibrer avec leurs sonorités "Zouglou décalé" et ce sont les amoureux de ces deux genres qui sont les plus heureux. Même si d'autres artistes comme Kerozen semble s’inscrire dans ce nouveau style musical, ils n’en demeurent pas moins les précurseurs.

gninnin* : saoul