Dans le monde, près des trois quarts de la population âgée de plus de 10 ans possèdent un téléphone portable. L'usage de ces outils de communication ne serait pas sans conséquence sur la santé cardiaque. C'est ce que révèle une nouvelle étude.
Publiée le 4 mai dans European Heart Journal - Digital Health, la revue de la Société européenne de cardiologie (ESC), la recherche montre qu'avoir une conversation au téléphone pendant trente minutes ou plus par semaine est lié à un risque accru d'hypertension artérielle de 12% par rapport à des échanges de moins de trente minutes. Pour rappel, l'hypertension est un facteur de risque de crise cardiaque, d'AVC et de décès prématuré dans le monde.
Les auteurs ont utilisé les données de 212 046 adultes âgés de 37 à 73 ans sans hypertension, issues de la UK Biobank, indique un communiqué de presse de l'ESC. Chaque volontaire a rempli un questionnaire sur les années d'utilisation du téléphone, les heures passées par semaine à conserver et l'utilisation d'un kit mains libres ou d'un haut-parleur.
Après avoir ajusté des facteurs comme l'âge, le sexe, l'indice de masse corporelle, les chercheurs ont étudié le lien entre l'utilisation du portable et l'apparition récente d'hypertension artérielle.
Plus la durée est importante, plus le risque l'est aussi
Au cours des douze années de suivi, 13 984 des participants (7 %), ont fait de l'hypertension artérielle. Les utilisateurs de téléphone portable avaient un risque d'hypertension accru de 7% par rapport aux non-utilisateurs.
Concernant le temps passé à téléphoner, les résultats montrent que plus il est important, plus le risque d'augmentation anormale de la pression artérielle est élevé. Par rapport aux participants qui ont passé moins de 5 minutes par semaine à passer ou à recevoir des appels, un temps d'utilisation hebdomadaire de 30 à 59 minutes était associé à un risque accru d'hypertension artérielle de 8 %.
Le risque augmentait de 13% pour les utilisations d'une durée de 1 à 3 heures par semaine, de 16% pour un temps hebdomadaire compris 4 à 6 heures, et enfin de 25% pour les usages de plus de 6 heures.
Chez les participants à haut risque génétique, ceux qui passaient au moins 30 minutes par semaine à parler sur un mobile avaient une probabilité plus importante (33% plus élevée) d'hypertension par rapport aux personnes à faible risque génétique qui passaient le même temps au téléphone.
La faute aux radiofréquences
Ce lien pourrait être expliqué par l'énergie radiofréquence émise par les mobiles. Même si les niveaux sont faibles, cela peut conduire à une augmentation de la pression artérielle après une exposition à court terme, note la Société européenne de cardiologie.
"Nos résultats suggèrent que parler sur un mobile peut ne pas affecter le risque de développer une hypertension artérielle tant que le temps d'appel hebdomadaire est inférieur à une demi-heure", résume l'auteur de l'étude, le professeur Xianhui Qin de la Southern Medical University de Guangzhou, en Chine.
"Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour reproduire les résultats, mais jusque-là, il semble prudent de réduire au minimum les appels téléphoniques mobiles pour préserver la santé cardiaque."