Les exportateurs ivoiriens, regroupés au sein du Groupement des négociants ivoiriens (GNI), ont adressé une lettre au Conseil café cacao (CCC) le 19 août 2024, sollicitant l’application complète de la règle des 20% des contrats internationaux de déblocage. Cette mesure, adoptée par le gouvernement en 2022, vise à soutenir les exportateurs nationaux en leur garantissant une part du marché. Qu'en est-il ?
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Conformément à cette règle, pour chaque volume de cacao acheté par des multinationales via leurs filiales en Côte d’Ivoire, 20% doivent être réservés à des exportateurs ivoiriens sélectionnés par le CCC en fonction de leurs capacités d'achat et d'exportation. Cette décision a été prise pour équilibrer la concurrence entre les multinationales et les opérateurs locaux, les premières étant souvent privilégiées par les chocolatiers dans leurs transactions.
Afin de solidifier cette règle, le gouvernement a émis un décret pour en renforcer l’application, permettant ainsi aux opérateurs nationaux de maintenir leur activité dans un secteur crucial pour l’économie ivoirienne, représentant 40% des recettes d'exportation et 15% du PIB. Plus de 8 millions de personnes dépendent directement de cette industrie.
La dépendance vis à vis des multinationales
Dans leur courrier, les membres du GNI regrettent que la règle des 20% ne soit pas appliquée uniformément sur l’ensemble des volumes de cacao achetés par les multinationales. Cette situation force les exportateurs nationaux à se tourner vers le système de "déblocages directs", où ils dépendent de la bonne volonté des multinationales pour obtenir des contrats d'exportation. Ce mécanisme crée une incertitude, notamment en cas de spéculation ou de fluctuations des prix, rappelant les risques observés lors de la crise de 2017.
Le GNI plaide donc pour l’application stricte de la règle des 20%, afin de réduire leur dépendance vis-à-vis des multinationales et d’éviter les désavantages liés aux déblocages directs. Ils demandent également que 50% des contrats issus de cette règle concernent du cacao certifié, pour permettre aux exportateurs locaux de bénéficier des primes de certification actuellement monopolisées par les filiales des multinationales.
Cette lettre, signée par l'ensemble des membres du GNI, reflète une volonté unanime de voir ces mesures pleinement mises en œuvre, estimant que si cela était respecté, 260 000 tonnes de cacao seraient concernées par la règle des 20%.