Comme le disait Nelson Mandela, l'éducation est l'arme la plus puissante que l'on puisse utiliser pour changer le monde. En Côte d'Ivoire, depuis des années, elle n'est pas au beau fixe. L'Université de Côte d'Ivoire, qui était autrefois le baromètre de l'éducation sous-régionale est aujourd'hui l'ombre d'elle-même. Les étudiants expliquent qu'au-delà des cours qui y sont mal dispensés, ils vivent une autre réalité plus grave : la vie en cité universitaire. Certains d'entre eux témoignent.
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Lorsqu'un élève obtient son baccalauréat, diplôme qui sanctionne la fin du cursus lycéen, il est heureux pour deux choses : il ne mettra plus d'uniforme comme exigé dans les lycées et collèges de Côte d'Ivoire et il accède au cycle supérieur. Pourtant, cette joie va s'amenuiser au fil du temps. Les cours ne se font pas régulièrement, interrompus par des grèves, la désorganisation de l'administration et pleins d'autres complications. Étudiante en 2016, Marie N'Guessan, s'est faite harcelée par son professeur.
"(...) Mais une fois, il m'a sauté dessus dans son bureau. Il m'a embrassé. (...) Lorsque je l'ai repoussé, il m'a dit : arrête, tu sais très bien ce que je veux. Après je me suis rendu compte qu'il s'était trompé sur ma note. J'ai appelé le professeur et il m'a dit : tu as fait ton choix...".
La vie en cité
Ce genre d'exemple est légion. L'autre problème, c'est la vie en cité universitaire. Elle n'est pas toujours favorable. Evariste Junior, ex-étudiant en droit à l'Université de Cocody revient constamment sur ses difficultés dans ce lieu du savoir. Suite à la mort d'un étudiant en master 1 de physique-chimie, Diabagaté Ibrahim, il s'est prononcé sur sa page Facebook.
"Le problème est véritablement profond. L'université est comme une bulle hermétique, tu as l'impression que les gens sont aveugles ou refusent de voir ce qui s'y passe. (...) Les universités publiques ? Il y a trop à dire. Un jour seulement".
Pour Nathalie Kouadio, la vie en cité peut être tellement difficile, entre la faim et les cours accélérés. Elle peut pousser souvent à succomber à la tentation d'adopter des comportements peu moraux pour survivre.
Mine Touré raconte qu'elle a assisté même à la bastonnade d'une jeune fille qui aurait refusé de céder son lit à la suite de la perte brusque de sa chambre.
Il y a aussi les "rois de la cité", c'est le nom donné aux membres de la Fédération Estudiantine et Scolaire de Côte d'Ivoire (FESCI). Ce mouvement qui n'a pas une renommée glorieuse continuerait selon certains témoignages de commettre quelques exactions sans être inquiété.
À quel fin doit-on s'attendre ?
Certains arrivent à sortir la tête de l'eau. C'est le cas de Marie N'Guessan qui est aujourd'hui rédactrice web. Il y a ceux qui obtiennent des bourses d'études étrangères et font leurs classes sous d'autres cieux. D'autres préfèrent se rabattre sur les universités privées ou les grandes écoles. Puis, il y a ceux qui ne tiennent plus, dépriment et finissent par se suicider. En attente de la fin de l'enquête, c'est cette dernière option qu'a choisi le jeune Diabagaté.
Si les choses ne s'améliorent pas, comment les étudiants pourront espérer avoir leurs doctorats à 25 ans ?