Le président Emmanuel Macron, en décidant de convoquer les élections le 9 juin, espérait clarifier la situation après la montée de l'extrême droite lors des élections européennes en France. Cependant, ce calcul s'est avéré contre-productif. D'après les résultats officiels publiés tôt lundi, aucun des trois principaux blocs n'a atteint les 289 sièges nécessaires pour contrôler les 577 sièges de l'Assemblée nationale, la chambre législative la plus influente de France.
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La coalition de gauche du Nouveau Front populaire a obtenu un peu plus de 180 sièges, arrivant en tête devant l'alliance centriste de Macron, qui a remporté plus de 160 sièges. Le Rassemblement national d'extrême droite, dirigé par Marine Le Pen, a terminé à la troisième place avec plus de 140 sièges, bien au-delà de leur précédent record de 89 sièges en 2022.
Même si le Rassemblement national a gagné un nombre record de sièges, le parti anti-immigration, historiquement associé à l'antisémitisme et au racisme, n'a pas réussi à obtenir la majorité absolue nécessaire pour former le premier gouvernement d'extrême droite en France depuis la Seconde Guerre mondiale. En 2012, sous la direction de Marine Le Pen, le Front national avait réussi à faire élire deux députés : Marion Maréchal et Gilbert Collard. Depuis, le Rassemblement national a consolidé sa position avec 8 élus en 2017 et 89 en 2022.
L'avancée du Rassemblement National (RN)
Après la dissolution de l'Assemblée et les élections anticipées des 30 juin et 7 juillet, le Rassemblement national, désormais dirigé par Jordan Bardella, envoie 143 députés au Palais Bourbon, un record pour l'extrême droite sous la Ve République. Toutefois, ce nombre reste insuffisant pour envisager une majorité absolue ou relative, étant surpassé par le Nouveau Front populaire et la coalition centriste de Macron.
Malgré cette avancée spectaculaire, la France se retrouve sans vainqueur clair. Cette situation révèle les limites de la Constitution de la Ve République, conçue pour renforcer les pouvoirs présidentiels. Actuellement, le pouvoir semble se déplacer de l'Élysée au Palais Bourbon, instaurant un régime parlementaire similaire à ceux d'Allemagne ou du Royaume-Uni, où les partis doivent négocier et trouver des compromis.
La question de la nomination du Premier ministre reste en suspens. Traditionnellement, le parti avec le plus grand nombre de députés propose un candidat pour ce poste, mais avec une majorité relative, rien n'oblige Macron à nommer un Premier ministre de gauche. La France pourrait être au bord d'un blocage politique majeur, et les prochains jours seront décisifs pour observer la réaction de Macron face à cette situation inédite.