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“Tant qu’un fait n’est pas jugé, il devient une injustice” : Gbagbo secoue la Côte d’Ivoire le jour de l’investiture d’Ouattara

L'ex président Laurent GBAGBO
Le 8 décembre 2025, jour de la prestation de serment de Alassane Ouattara, Laurent Gbagbo publie une longue lettre dans laquelle il réclame la réouverture du dossier de la crise ivoirienne devant la CPI : « J’ai demandé à mon avocat de ressaisir la CPI : la vérité doit éclater. »
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Ce 8 décembre 2025, la Côte d’Ivoire vit une journée politique majeure avec la prestation de serment du président réélu Alassane Ouattara. Tous les regards sont tournés vers cette cérémonie, symbole de continuité du pouvoir.

C’est dans ce contexte médiatique et politique particulièrement dense qu’une lettre de l’ancien président Laurent Gbagbo est rendue publique sur ses plateformes officielles. Un texte long, au ton grave, dans lequel il revient sur la crise ivoirienne et interpelle la justice internationale.

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“J’étais le président légal, mais c’est moi qu’on a arrêté”

Dans son texte, Laurent Gbagbo revient chronologiquement sur les principales étapes de son pouvoir. Il rappelle son élection en octobre 2000 et la découverte, dès les premiers jours, d’un charnier à Yopougon :

Immédiatement, j’ai dépêché le ministre de l’Intérieur, le ministre de la Défense et le ministre de la Justice. J’ai ouvert un procès. Les gendarmes ont été relaxés. Cela m’a réconforté

Il évoque ensuite les premières attaques armées du début des années 2000, puis l’événement majeur du 18 au 19 septembre 2002 :

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Un commando d’une plus grande envergure franchissait les frontières du Burkina Faso, pénétrait en Côte d’Ivoire et semait deuil et désolation sur son passage.

La partition du pays selon Gbagbo

Dans sa lettre, l’ancien président décrit la suite des événements conduisant à la division du territoire :

Les rebelles ont installé un kyste à Bouaké, provoquant la partition du pays en deux.

Il affirme que le Sud est resté sous l’autorité du « gouvernement légal et légitime », tandis que le Nord passait sous contrôle rebelle. Il cite plusieurs noms d’acteurs de la rébellion et du camp patriotique, sans détour.

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Les choix revendiqués : Ouattara et Soro

Laurent Gbagbo revendique deux décisions qu’il qualifie de déterminantes pour la paix :

J’ai permis à Alassane Ouattara de se présenter à l’élection présidentielle.

J’ai engagé un dialogue direct avec Guillaume Soro pour mettre fin à la guerre.

Il rappelle la signature de l’Accord de Ouagadougou en 2007 ainsi que la cérémonie de la Flamme de la paix à Bouaké, durant laquelle :

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Les armes ont été brûlées symboliquement.

2010 : des résultats contestés

Sur l’élection présidentielle de 2010, il affirme :

Au premier tour, je suis en tête.

Au second tour, ce fut la pagaille.

J’ai été proclamé vainqueur par le Conseil constitutionnel.

Il ajoute, dans des propos accusatoires retranscrits tels quels :

Alassane Ouattara, Nicolas Sarkozy et le représentant de l’ONU ont décidé que mon adversaire était le vainqueur.

Il décrit ensuite l’assaut final :

Ma résidence a été bombardée par l’armée française et les troupes de l’ONU

Arrestation, CPI et acquittement

L’ancien chef de l’État revient sur la détention :

Le 11 avril 2011, j’ai été arrêté, conduit au Golf Hôtel, puis à Korhogo et enfin à la CPI.

Il rappelle l’arrestation de Charles Blé Goudé en 2014, puis l’acquittement :

Le 15 janvier 2019, Charles Blé Goudé et moi avons été acquittés.

Le 31 mars 2021, j’ai été définitivement acquitté.

Il décrit ensuite les conditions de sa liberté surveillée à Bruxelles :

Tous les jeudis, des policiers venaient s’assurer de ma présence.

La question centrale : “Pourquoi pas les autres ?”

La partie la plus politique de la lettre porte sur les poursuites judiciaires :

Pourquoi aucun des autres acteurs de la crise n’a-t-il été arrêté ?

Il pose publiquement plusieurs questions :

Qui a conçu et financé la rébellion ?

Qui a organisé le génocide Wê ?

Pourquoi a-t-on poussé à l’élection sans désarmement ?

Surtout, il annonce une démarche offensive :

J’ai demandé à mon avocat de ressaisir la CPI : la vérité doit éclater.

Ce que cette sortie signifie

Cette publication ne se limite pas à un simple rappel historique. Elle s’inscrit comme un message politique clair : Laurent Gbagbo refuse que son acquittement marque la fin du débat.

En se positionnant non plus comme un accusé, mais comme un homme réclamant justice, il tente de déplacer le centre du discours : du procès de sa personne vers celui de l’ensemble du conflit ivoirien.

Son objectif, tel qu’il l’écrit, est sans ambiguïté :

Il faut rendre justice aux victimes et aux survivants.

En concluant sa lettre par:

La vérité est une condition de la paix.

Laurent Gbagbo ne se pose plus en accusé, mais en acteur d’un combat judiciaire qu’il estime inachevé. Cette publication marque une nouvelle étape dans la bataille des récits autour de la crise ivoirienne, au moment même où le pays tourne une page institutionnelle.

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